jeudi 16 avril 2015

La fin

Apparaît un personnage haut en couleurs. Chausses de cuir aux pieds et jambes prises dans de confortables braies de laine bouillie brunes, il porte en outre une chemise de lin teintée de bleu et de vert pimpant. Autour de ses épaules est passée une cape de laine bouillie brune retenue par une petite broche argentée en forme de feuille de chêne. Son chef est couronné par un ample mais étroit chapeau à bords recourbés couleur de pré fraîchement coupé. Entre ses mains repose une vièle dont il frotte pensivement les cordes de son archet pour en jauger le son.

Troubadours, Berlin, XIVe siècle
Chers lecteurs, le bonjour. C'est aujourd'hui Félix le trouvère qui prend la parole... Hélas non pas pour vous régaler des pérégrinations d'une quelconque divinité authentique ou bâtarde, mais plutôt pour vous annoncer la conclusion d'une histoire. 
Vous l'aurez sans doute compris en lisant l'article de Quentin, mais le fait est que le projet tuteuré qui a conduit à la création de ce blog touche à sa fin. Inutile de nous voiler la face, ceci implique que ni mes collègues ni moi n'aurons l'opportunité de poursuivre la rédaction d'articles pour la simple et bonne raison que nous allons être trop occupés par nos perspectives professionnelles respectives dans les métiers du livre.

Mais baste de lamentations ! Nous ne sommes pas dans une tragédie grecque, que diable ! 
Nous espérons donc que vous avez pris autant de plaisir à lire nos bafouilles (comme diraient nos cousins outre-Atlantique) que nous en avons pris à les écrire, et que nous sommes parvenus à vous convaincre de notre vision des choses quant au rapport entre mythologie et imaginaire contemporain
En ce qui me concerne, il ne s'agit pas de réfléchir en terme d'inspiration, de plagiat ou de la pertinence de telle ou telle croyance par rapport à une autre. Une légende fait certes partie d'un contexte mythologique précis, mais il s'agit surtout d'une structure vivante qui évolue selon son environnement et son auditoire puisque son but premier est didactique : respect des dieux, apprentissages des valeurs d'une société et de ses dangers, etc. A partir de ce postulat, peu importe le média et les effets de manche utilisés, puisque l'auteur/réalisateur/artiste utilise des thématiques et des symboles évocateurs ; le reste ne dépend que de son adresse et du message qu'il souhaite véhiculer (si tant est qu'il en ait un).

Bientôt le chant du coq, il est temps de nous quitter. Je vous dis donc adieu, et je vous demande humblement une salve d'applaudissements pour Quentin, Fiona, Charlène, Mélanie, Vincent, Albin, Damien et moi-même, comme il sied à des comédiens au moment du tomber du rideau.
Puissiez-vous à votre tour perpétuer les mythes !

Le trouvère sourit, s'incline profondément et balaie le sol de son chapeau avant de le remettre gaillardement sur sa tête. Après quoi, il se détourne et s'enfonce tranquillement dans la brume qui s'est levée d'on ne sait où, jouant sur son instrument un air où l'on peut reconnaître les premières mesures de « The Bells » de Phil Ochs...

jeudi 9 avril 2015

Le Sang de l’Olympe (Héros de l’Olympe tome 5), Rick Riordan

S’il devait mourir, il mourrait en fils de Jupiter, en enfant des dieux – le sang de l’Olympe. Mais il n’était pas près de se laisser sacrifier, en tout cas, pas sans se battre.

Dans cette toute dernière chronique (le projet Chroniques des Panthéons touchant à sa fin), nous revenons sur Le Sang de l’Olympe de Rick Riordan, dernier tome de la deuxième série de romans se déroulant dans l’univers de Percy Jackson, sorti le 11 mars dernier. Dans cette grande saga en dix tomes, destinée à la jeunesse, nous suivons les aventures d'un groupe de demi-dieux, descendant des dieux de l'Olympe, dans un univers fortement inspiré par la mythologie gréco-romaine.

Résumé : Gaïa, la Terre-Mère, est sur le point de s’éveiller. Obéissant à la prophétie des Sept, Percy, Annabeth, Jason et leurs amis doivent impérativement se rendre à Athènes pour y défaire l’armée de Géants de la déesse et empêcher son éveil. Parallèlement, Reyna et Nico doivent apporter la statue de l’Athéna Parthénos à la Colonie des Sang-Mêlé pour mettre fin à la guerre entre les demi-dieux grecs et romains.
Pour guérir les dieux de l’Olympe déchirés par cette guerre et éviter la destruction du Monde, l’un de ces héros devra mourir


Les plus :
- Un dénouement à la hauteur des attentes.
- Des personnages toujours aussi attachants.
- L’humour et le suspense, deux éléments-clefs de la saga, sont toujours présents.
- Rick Riordan ne copie pas simplement la mythologie grecque en y apportant une touche d’humour, il la réinvente complètement.
- L’absence de chapitre écrit du point de vue de Percy, permettant à d’autres personnages (Reyna, Nico) de prendre une ampleur inattendue.

Les moins :
- L’absence de chapitre écrit du point de vue de Percy : il est notre héros à tous, tout de même.
- Le schéma un chapitre = une péripétie (monstre, dieu, objet…) peut finir par en agacer certains, bien qu’il s’agisse du schéma utilisé depuis le début de cette saga en dix tomes.
- Albin Michel : plus qu’une couverture kitsch, l’édition laisse parfois à désirer.


Tellus (allongée), la version romaine de Gaïa, la Terre.
Dans la mythologie grecque, Zeus et ses frères renversèrent les Titans, dont leur père Chronos, et le règne des dieux put ainsi débuter. Gaïa, la Terre, outrée par la victoire de ses petits-enfants, décida de les remplacer par ses autres fils, les Géants. De rudes et nombreux combats s’enchaînèrent mais les dieux de l’Olympe en sortirent vainqueurs. Cet épisode de la mythologie, la Gigantomachie, est le point de départ de la série Héros de l’Olympe. Mais Rick Riordan ne fait pas que recopier et transposer les mythes à notre époque : il les retravaille, en donne sa vision, et s’appuie sur certains éléments pour surprendre agréablement le lecteur. Je pense notamment, sans dévoiler la fin du roman, à la manière dont Gaïa est battue : l’idée est d’une telle logique lorsque l’on connaît un peu la Mythologie, qu’elle en devient absolument brillante. La guerre entre demi-dieux grecs et romains (absente de la Mythologie) déchirant la personnalité des dieux, est également un ressort intéressant pour l’intrigue.

Athéna affrontant le géant Encélade
(500 avJC)

Riordan reprend dans ce dixième tome une recette qui fonctionne depuis maintenant autant d'années : il mélange avec habileté toutes les formes d’humour existantes (on va du simple jeu de mots au sous-entendu compréhensible uniquement par un adulte, en passant par des situations cocasses), humour contrebalancé par des situations dramatiques où le suspense devient parfois insoutenable. Les personnages sont toujours aussi attachants et ce dès les premières pages, les chapitres écrits de leur point de vue accentuant notre empathie pour eux. Même Gleeson Hedge, le satyre un peu lourd, devient sympathique dans ce final.


A propos des points de vue, on ne retrouve aucun chapitre correspondant à celui de Percy. Ce n’est pas utile car il n’est pas le personnage principal de cette série mais tout de même, il restera notre héros à tous et cette absence laisse comme une sensation de manque (pour ceux qui n’ont jamais lu cette série, c’est comme si l’on enlevait Iron Man dans Avengers). Cependant, certains personnages peuvent ainsi prendre une ampleur inattendue : Reyna et Nico tirent vraiment leur épingle du jeu.

Le gros point négatif de ce roman est à mon avis son édition. Outre la couverture ultra-kitsch mais finalement peu gênante dont nous gratifie Albin Michel, le texte regorge de fautes plus ou moins graves, de passages où les personnages n’ont pas le bon prénom (pendant plus d’une page, Reyna parle de son enfance avec sa sœur en appelant cette dernière… Reyna) et de notes de bas de page aux commentaires douteux. Bref, des fausses notes rendant la lecture par moment désagréable alors que le roman est de très bonne qualité.

Le Sang de l’Olympe conclu donc à merveille cette seconde série. Mais est-ce la fin des aventures de ces demi-dieux ? Le roman ne répond pas à toutes les questions, lance de nouvelles pistes qui conduiront probablement les personnages vers de nouvelles aventures toujours aussi bien ficelées, hilarantes et mythiques.

Quentin.

jeudi 2 avril 2015

Valkyrie Profile

Valkyrie Profile, jeu de PS1 sorti en 1999. 

Valkyrie
 Le jeu est d'abord paru au Japon seulement, avant d'être réédité en 2006 sur la PSP. Durant la même année est sorti le deuxième opus Valkyrie Profile 2 : Silmeria sur PS2 cette fois en sortie mondiale. La sage a ainsi pu acquérir une certaine notoriété. 
Il s'agit d'un RPG (jeu de rôle, comme Final Fantasy, Dragon Quest..) assez original. Il est classé parmi les jeux les plus cultes dans ce style, grâce à des idées novatrices et une influence très forte de la mythologique nordique. Il a été crée par Tri-Ace, à qui l'on doit Star Ocean, ainsi que la série vidéoludique des Tales of... 
On plonge dans un jeu épique et dramatique, avec une histoire assez sombre. Tout commence par le réveil de Lenneth, la valkyrie en charge des guerriers morts au combat, qui est convoquée au Valhalla par le dieu Odin lui-même. Le Ragnarök (la fin du monde et son recommencement) est annoncé et il faut se préparer pour ce grand jour qui sonnera le début de la dernière guerre entre les dieux et les démons. Nous sommes ainsi guidés dans la salle de trône du palais des Dieux par Freya, une autre Valkyrie. Lenneth se voit alors confier une mission très importante : se rendre sur Midgard, le monde des hommes, à la recherche d'âmes valeureusement et courageuses pour les entraîner et les envoyer au combat au Ragnarök. 
Odin
Nous sommes accompagnés par Freya pour nous guider à la fois dans le jeu et dans l'histoire. Et c'est à partir de ce moment que l'on se détache des RPG classique. D'ordinaire, on part à l'aventure et on recrute des compagnons au fur et à mesure pour accomplir une quête. Le principe est à peu près le même, sauf qu'il s'agit d'aller chercher des compagnons qui vont mourir pour récupérer leurs âmes. Ensuite il faut les entraîner, on s'y attache du fait de leur personnalité ou de leur histoire, et on peut choisir ou non de les envoyer à Odin. Mais il est fortement recommandé de les lui envoyer pour pouvoir gagner la guerre, et il faut donc que le joueur trouve le bon équilibre entre affection et pragmatisme à leur égard. On va ainsi chercher les âmes en perdition en volant au-dessus du monde, telle une ase (déesse) nordique.
Le jeu est composé de 8 chapitres, réparti en périodes pour trouver ces guerriers divins : les Einherjar. Le temps est limité car chaque action possède une valeur en périodes. Nous sommes ensuite libres d'envoyer tel ou tel guerrier vers Odin. A la fin de chaque chapitre, Freya nous convoque pour faire une synthèse des guerriers que l'on a envoyé, de la façon dont évolue la guerre et quel est l'impact de ceux que l'on a déjà envoyé. Les actions sont donc assez libres. Le joueur n'est pas vraiment orienté, ce qui peut déstabiliser certains. De plus, si on échappe à notre devoir, on peut se faire réprimander par Freya.
Freyja (Freya)
Le jeu possède trois niveaux de difficultés, impliquant trois fins différentes, notées A, B et C. Selon les actions que l'on exécute, on arrive à une fin différente. La fin la plus intéressante est la première car elle permet d'avoir une pleine conscience de la profondeur de l'histoire avec des éléments supplémentaires sur la vie de Lenneth, mais il faut suivre un chemin précis pour y accéder. Les deux autres sont assez décevantes et ne nous permettent pas de voir toute l'ampleur de ce RPG. Il est conseillé de prendre le mode 'normal' pour profiter pleinement du jeu. 

Ce jeu est fortement imprégné de mythologie nordique. Rien que par le scénario du jeu, on reconnaît déjà quelques noms connus. Pour commencer avec les lieux, on distingue d'abord Asgard, qui représente le monde des dieux. On a ensuite le Valhalla, le « paradis » des Vikings, qui est l'endroit où les âmes des valeureux guerriers sont amenés
Puis nous avons Odin, le père des Dieux et des hommes, que l'on voit siéger fièrement sur son trône d'où il peut observer tous les mondes et voir les agissements de tous. Avec son épouse Frigg, ils forment la race des Ases. Parmi les plus glorieux de cette race, on en retrouve deux dans le jeu : Freyr (Frei) et Freyja (Freya). On a ensuite Loki, le dieu de la Discorde qui peut user de diverses métamorphoses pour ses perfidies. On devine ses intentions malveillantes au cours du jeu.
Nous avons ensuite la présence des Valkyries, les vierges guerrières aux longs cheveux blonds, vêtues de robes et d'armures. Malgré leur grâce, elle n'en restent pas moins sanguinaires en s'enivrant de la vision de sang, allant même jusqu'à tuer elles-même les guerriers pour récupérer leurs esprits. On raconte aussi que derrière leur chevauchée se formeraient des lueurs étranges que l'on appelle aurore boréales. Dans le jeu, on retrouve trois Valkyries, dont Lenneth, puis Silméria la plus jeune et enfin Hrist, l'aînée. Seule cette dernière est présente parmi les valkyries connues de la mythologie. Les deux autres sont des libertés prises par l'éditeur du jeu.
Ragnarök
Elles se préparent ainsi pour le Ragnarök. On l’appelle aussi le « Crépuscule des Dieux ». Il s'agit d'une guerre entre les différents camps de divinités pour un affrontement final qui fera disparaître le monde, pour ainsi par la suite qu'il puisse mieux renaître. 
On retrouve aussi l'anneau des Nibelungen, qui est un objet maudit forgé par les Nibelungen, un peuple de nains et qui a entre autre inspiré de nombreux films ainsi que des pièces d'opéra. Lenneth le porte durant le jeu et qui prouve sa loyauté envers Odin. Et si on l'enlève, les capacités de la valkyrie peuvent être réduites. 

Valkyrie Profile est un jeu qui mérite sa renommée, avec un style de jeu intéressant. Rien que par la gestion des guerriers. On a aussi une suite de donjons, que l'on prend plaisir à explorer, et qui se rapproche d'un Castlevania. La musique est à la hauteur de ce jeu. Elle a été faite par Motoi Sakuraba, un grand compositeur qui a fait de nombreuses OST pour des jeux vidéos. Le système de jeu inclut du tour par tour, comme dans tout RPG classique, mais il rajoute un système de combo innovant. Malgré quelques combats répétitifs, on prend plaisir à immerger dans l'histoire divine de Lenneth.

 Sur ce, à bientôt, au Valhalla !
 Mélanie.