vendredi 26 décembre 2014

Troie/Les Immortels : Mythologie et Blockbuster

Eh bien me voici de retour ! Pour vous jouer un... 
Ouais non, je ne vais pas la faire, celle-là, en fait.
Bref ! Je m'en vais entonner une nouvelle chronique pour vous présenter des films !

Oui, j'ai dit "des". Car aujourd'hui, je m'attaque à deux blockbuster tous droit sortis des studios d'Hollywood et suintant la mythologie par tous les orifices ! J'ai nommé : "Troie" et "Les Immortels" !
  
Ces deux films sont directement inspirés de passages de la mythologie grecque, même si le scénario a, au passage, subi de nombreuses modifications avant d'être finalement transposé sur grand écran. Mais tous ces changements sont différents d'un film à l'autre.

Troie est un film réalisé par Wolfgang Peterson et sorti en 2004. Il nous narre le récit de la célèbre bataille de Troie, débutée par la faute de Pâris (Orlando Bloom), jeune prince Troyen ayant enlevé la belle Hélène (Diane Kruger), reine de Sparte. Manque de bol, le mari de celle-ci, Ménélas (Brendan Gleeson), est légèrement rancunier, et son frère Agamemnon (Brian Cox), roi de Mycène qui rêve d'unifier (par le sang si nécessaire) toute la Grèce, en profitera pour déclarer la guerre à la cité.

Hélène et Paris, David
Le film va principalement s'articuler autour de quelques héros de la mythologie, à commencer par Achille (incarné par Brad Pitt) : fils du roi de Phtie Pélée et de la néréide (c'est à dire une nymphe marine) Thétis, il aurait été trempé par cette dernière dans le Styx, l'un des fleuves des Enfers. Ce geste aurait alors rendu son corps invulnérable à l'exception de son talon, par lequel elle l'avait tenu. Vient ensuite Hector (interprété par Eric Bana) – Fils du roi de Troie – et Ulysse (Sean Bean, qui ne meurt pas dans ce film !) – le roi de l'île d'Ithaque, particulièrement renommé dans la Mythologie pour son intelligence et sa ruse. Et... C'est tout.
Un parti-pris plutôt intéressant, en fait : toute cette histoire, longuement décrite dans l'Illiade d'Homère, a été revisitée de manière réaliste (enfin, si on excepte le fait qu'Achille est doté d'une force quasi-surhumaine). Par conséquent, à aucun moment les dieux n'interviendront pour régler les problèmes des mortels, comme ils le faisaient dans le récit mythologique. Et c'est là que les puristes viendront hurler.

Poséidon, Copenhague
Tel personnage n'est pas sensé mourir à cet endroit-là ! Patrocle n'a jamais été le cousin d'Achille ! Le siège de Troie a duré dix ans, pas quinze jours ! Beaucoup de personnages de l'Illiade n'apparaissent même pas dans le film ! Toute la dimension tragique de l'histoire a été ignorée !
Certes. Néanmoins, je tiens à vous rappeler que le film en question dure déjà 2 heures et 43 minutes. Presque 3 heures avec le Director's Cut ! Sans compter qu'il s'agit d'une "adaptation" d'un passage de la mythologie grecque : un moyen de simplifier une partie de la littérature antique et d'en faciliter la découverte auprès du grand public.
Je ne parlerais pas non plus des conséquences d'un changement de format. Un autre que moi s'en est déjà brillamment chargé : https://www.youtube.com/watch?v=p88s7aNLXlg

Bref, nous avons là une réécriture, une modernisation d'un passage de l'Illiade, racontée de manière certes romancée et soumise aux canons d'Hollywood, mais embrassant néanmoins un réalisme inattendu. Et effectivement, il modifie certains passages. Mais même un expert en mythologie vous le confirmera : certaines histoires ont de multiples versions, se contredisant parfois même entre elles. Alors pourquoi pas ?

Tésée vainqueur du Minotaure
Les Immortels, réalisé par Tarsem Singh et sorti en 2011.
Le personnage principal est Thésée (Henry Cavill), jeune paysan entraîné sans le savoir par Zeus (joué par Luke Evans, c'est à dire le charisme personnifié. Même en jupette !) dans une histoire dépassant l'entendement.. Pour ceux qui l'ignorent, Zeus est le dieu suprême de la mythologie grecque : parfois même surnommé "le dieu des dieux" dans certaines visions (on imagine la taille des chevilles), il est maître des cieux, des nuages, des tempêtes et de la foudre.

Le roi Hypérion (Mickey Rourke) cherche à se venger des dieux qui ont refusé de sauver sa femme de la mort et pour cette raison souhaite libérer les Titans de leur prison au fond du Tartare.
En rencontrant Thésée, l'Oracle Phèdre (Freida Pinto) est assaillie par la vision de son avenir : s'il s'allie avec Hypérion, ce sera la fin du monde. Elle l'aidera donc à combattre le tyran sanguinaire pour le bien de tous... Et notamment celui des dieux, tout-puissants, mais contraints par leurs propres lois à ne jamais interférer dans la vie des mortels sous peine de mort.
Une chose est à savoir : les immortels sont invincibles et dotés d'une force ainsi que d'une vitesse sans précédent. Le seul moyen pour eux est d'être tué est d'être éliminé par un autre immortel. Lors de la première guerre entre les immortels, les vainqueurs se sont nommés "dieux", et les vaincus condamnés à l'exil furent appelés "Titans".

Car oui, Les Immortels ne se contente pas de reprendre basiquement une scène de la vie quotidienne mythologique, mais il s'inspire de plusieurs thèmes et les réactualise à sa sauce. Ce qui, à mon goût, est une réussite.
Le Minotaure
Le Minotaure devient une brute gigantesque coiffée d'un casque en forme de tête de taureau ; les Titans des sortes de guerriers rachitiques et blafards de taille humaine et en surnombre ; Thésée, sensé être à la base le fils de Poséidon (et cousin d'Héraclès) – Poséidon étant le frère de Zeus, dieu des Océans et des profondeurs marines – est ici né d'un viol de sa paysanne de mère par des bandits...
Ok ! Pourquoi pas ? C'est une manière comme une autre de moderniser un mythe. Et là, au moins, ça a le mérite de s'inscrire dans un contexte plus ou moins logique.
La loi qui empêche les dieux d'intervenir est également intéressante. Dans la mythologie, les dieux pouvaient faire ce qui leur plaisait du moment qu'il ne se faisaient pas la guerre entre eux.
En d'autres termes, si un dieu était de mauvais poil et que vous tombiez devant lui à ce moment... Bah c'était tant pis pour vous.
Dans ce film, cette règle fut instaurée afin de permettre aux humains de se débrouiller tous seuls pour régler leur problèmes, les dieux n'intervenant que si des évènements risquent de causer la fin du monde. Mais elle est à double tranchant, puisque la majeure partie des humains, après des siècles sans avoir vu le bout d'un nez divin, sont nombreux à douter de l'existence d'un véritable panthéon.
Et les interventions divines, du coup ? Car il y en a !
Eh bien... Ach, mein gott ! Que ça fait plaisir ! Quand les dieux interviennent pour distribuer quelques baffes aux infidèles, ils ne font pas semblant !
Arès
Certes, c'est gore. C'est violent, avec du sang qui gicle et des tripes qui volent ! Mais didju, que c'est bien filmé et incroyablement jouissif !

Alors admettons-le, le film n'est pas parfait. La faute notamment à son intrigue pas très développée ("va là-bas et tue tout le monde". Pour moi, ça résume assez bien l'ambiance du film...), ainsi qu'à une esthétique... Assez particulière, dirait-on. 
Autant, je peux accepter sans sourciller que les dieux soient joués par des top models jeunes, beaux et en pagne, c'est même logique. Néanmoins, pour ce qui est de leurs casques... Quand vous verrez celui d'Arès décoré d'une bonne dizaine d'épées, vous hausserez sans doute comme moi un sourcil d'incompréhension.


Les Immortels est une relecture de différents épisodes de la mythologie, et même s'il n'est pas parfait, il offre un très bon spectacle, tout en réactualisant avec brio certains de ses éléments les plus célèbres.

Albin

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