jeudi 26 mars 2015

Age of Mythology

Littérature, peinture, cinéma,… autant de domaines artistiques dans lesquels la mythologie a pu s’immiscer et influencer un certain nombre d’œuvres. Le secteur du jeu vidéo n'est pas davantage épargné et s’appuie sur différents mythes pour le développement d’un personnage, d’un scénario et/ou d’un univers. C’est le cas, par exemple, de God of War, Titan Quest ou Zeus : Le Maître de l’Olympe. Mais un autre jeu qui illustre parfaitement cette incursion du genre mythique dans le monde vidéoludique est Age of Mythology.


Age of Mythology, par Diabolus

Sorti en 2002, Age of Mythology est un jeu de stratégie en temps réel dont le principe est calqué sur celui de la célèbre franchise des Age of Empires. Rien d’étonnant à cela puisque les développeurs sont les mêmes : l’Ensemble Studios. Les qualités et caractéristiques de la saga des Age of Empires se retrouvent d’ailleurs ici, puisqu'on retrouve la possibilité de personnaliser sa partie, de faire une campagne en solo ou encore de jouer en multijoueurs. Le principe du jeu reste également identique : collecter des ressources, construire des bâtiments, créer son armée et battre les antagonistes virtuels ou humains.


 

La campagne met en scène à travers 32 scénarios, l’atlante Arkantos (personnage inventé pour l'occasion) devant remplir diverses missions pour le compte des dieux. Ces missions l’amèneront entre autres à partir en quête du trident du dieu marin Poséidon,  à seconder Agamemnon durant la guerre de Troie, à réunir les parties du corps d’Osiris démembrés par son frère Seth, ou encore à lutter contre le dieu nordique Loki. Pour cette aventure, Arkantos est aidé par de célèbres personnages mythologies comme le centaure Chiron, le guerrier grec Ajax , le fameux Ulysse ou encore les nains Brokk et Eitri. Cette campagne permet au joueur de se familiariser avec les trois civilisations présentes dans le jeu, à savoir les grecs, les égyptiens et les scandinaves. Chacune de ces civilisations offre la possibilité de vénérer un dieu principal donnant ensuite accès à des dieux secondaires. Chacun de ceux-ci débloque des pouvoirs, des bonus et des unités mythologiques qui leurs sont propres. Les dieux majeurs sont : Zeus, Hadès et Poséidon pour les grecs, Râ, Isis et Seth pour les égyptiens et Odin, Thor et Loki pour les scandinaves. 


Béllérophon
Les références mythologiques ne s’arrêtent pas aux dieux et sont présentes aussi par l'intermédiaire de nombreuses unités issus des bestiaires légendaires. On ne les citera pas toutes ici mais on peut évoquer par exemple les minotaures, les hydres,  les sphinx, les momies, les valkyries (qui je le rappelle sont des psychopompes(1) nordiques emmenant les esprits des guerriers défunts au Walhalla), les trolls... La liste est longue. La civilisation grecque permet en outre la création de héros comme Hercule ou Bellérophon (chevauchant le cheval ailé Pégase).
Cerise sur le gâteau, des reliques sont éparpillées aléatoirement sur les cartes et, une fois placées dans un temple, accordent à son détenteur un bonus. Ces reliques portent également  des noms célèbres : Anneau de Nibelung, Boîte de Pandore, Œil d'Horus...


Cette accumulation de références permet l'immersion du joueur dans cet univers de mythesdieux, hommes et créatures magiques s'affrontent dans des batailles épiques. Malgré un âge déjà avancé (2002), ce jeu vidéo vieillit bien et le plaisir de jouer demeure intact. A sa sortie, celui-ci avait d'ailleurs connu un fort succès à la fois critique mais également commercial. L'année suivante, Ensemble Studios a développé une extension intitulée The Titans. Cette dernière contient une civilisation supplémentaire, les atlantes, et la faculté de donner vie à un Titan, ces fils de Gaïa et d'Ouranos dans la mythologie grecque. En 2008, une version au tour par tour d' Age of Mythology a vu le jour sur Nintendo DS.

A découvrir ou à redécouvrir...

Damien

(1) Psychopompe : divinité conductrice des âmes des morts.

jeudi 12 mars 2015

Les inspirations mythologiques de J.R.R. Tolkien

Si vous désirez en savoir plus sur les éléments mythologiques qui ont inspirés ce célèbre auteur, Marguerite Mouton, agrégée de Lettre modernes et docteur en littérature générale et comparée, présente la conférence "A l'écoute des résonances mythologiques dans l'oeuvre de J.R.R. Tolkien" le jeudi 19 mars à 20h30 à la bouquinerie les Yeux d'Elsa (115 Cours de la République, 76600 LE HAVRE).  

John Ronald Reuel Tolkien est principalement connu pour avoir écrit Le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux mais il est l’auteur de nombreux ouvrages de diverses natures (poésie, essais, contes et nouvelles). 
Au 18e siècle et à l’époque du romantisme, de nombreuses traductions des anciens mythes et légendes sont proposées dans différentes langues. Bon nombre d’écrivains sont alors inspirés par ces thèmes et Tolkien ne dérogera pas au mouvement.
En effet, cet auteur à qui on reconnaîtra ensuite une mythologie à part entière (« tolkienienne »), s’est lui-même inspiré de mythes et de légendes.

La première inspiration qui semble sauter aux yeux est le mythe de l'anneau de Nibelung qui apparaît dans la Völsunga Saga. En effet,  le chevalier Siegfried est le héros de la Chanson des Nibelungen et il appartient au clan Volsung dont l'histoire est contée dans  la Völsunga Saga. Il s’agit d’une saga légendaire nordique prenant ses sources de textes plus anciens, comme l'Ancienne Edda. C'est une histoire d'aventures, d'amour et de tragédie qui a influencé d'autres légendes, notamment l'épopée médiévale allemande Nibelungenlied. La légende de Sigurd et Gudrun, écrite par Tokien en est directement inspirée.

Le Kalevala est une épopée composée au 19e siècle sur la base de poésies populaires de la mythologie finnoise. Tolkien a basé son personnage de Turin Turambar sur Kullervo, un des héros du Kalevala. L’auteur a également créé la langue utilisée dans son œuvre, le Quenya, à partir du finnois.

Quelques éléments sont également repris des légendes Arthuriennes tout au long du Seigneur des anneaux. Le tandem Gandalf-Aragorn fait par exemple écho à celui de Merlin et d'Arthur.

Le poème épique Beowulf, un texte majeur de la littérature anglo-saxonne, a servi d'inspiration dans plusieurs passages de l’œuvre de Tolkien. Par exemple, Grendel, monstre de marécages, a inspiré certains des aspects de Gollum. Le vol de la coupe du dragon qui incendie ensuite un village est également un épisode tiré de Beowulf que l’on retrouve dans le Hobbit. L’arrivée fracassante d'Aragorn, Legolas, Gimli et Gandalf au Château d'Or du Rohan rappelle l’arrivée de Beowulf à la cour du roi Hroögar.

John Tolkien s’est aussi inspiré de certaines créatures mythologiques pour construire son univers.

Tout d’abord, les Elfes. Ce sont des créatures originelles de la mythologie nordique, ils sont liés à l’air. Ils vivent dans un ciel particulier nommé Alfheim.
Selon l’Edda il y a deux sortes d’Elfes : les Elfes lumineux qui sont rattachés au ciel, à la fertilité et la lumière et les Elfes noirs, reliés à la terre, à la forge, et qui résident dans un monde souterrain (Svartalfheim) en tant qu’espèce de Nain à part entière.
Eru Illuvatar est chez Tolkien la divinité qui a insufflé la vie aux Elfes, et la lumière est un symbole essentiel de la représentation du bien, de la beauté. En effet, les Elfes selon la mythologie tolkiennienne se sont éveillés sous les étoiles de Varda, créées pour eux en guise de bienvenue. De cet émerveillement originel est née l’adoration des Elfes pour Elentari, la Reine des Étoiles.
Les Noldors, elfes créés par Tolkien, ont une passion pour la joaillerie, la construction d’immenses cités souvent encaissées dans les montagnes, ou bien le travail du cuir ce qui permet de les assimiler aux elfes noirs.
Selon les cultures, l’elfe peut s’apparenter à un minuscule génie de la nature (Danemark), un être semi-divin (Scandinavie), un esprit malin (Allemagne), ou encore une fée (Angleterre). Cependant, ces représentations ont été bousculées par la vision qu’a donnée Tolkien des elfes : des êtres supérieurs, plus évolués que les hommes, d’une beauté unique et immortels.


Les Nains voient leur origine dans la mythologie viking et on les retrouve dans la Völuspa, un passage de l'Edda Poétique. Le premier Nain a été créé par Odin qui a aussi conçu la Terre et les a changés en êtres intelligibles puisqu’ils étaient jusqu’ici à l’état de larves. Contrairement aux Nains de la mythologie, ceux de Tolkien vivent sous terre, notamment sous la montagne. De nombreux Nains de l’univers de l’auteur empruntent leur nom à l’Edda : Durin, Thorin, Thror (Thor), Dain, Ori… Seul Gimli tire son nom d’un lieu : Gimlé, là où les hommes vertueux vivraient après la fin du monde.

Les Orques (ou Orcs) sont chez Tolkien la matérialisation la plus commune du mal. "Orc" signifie "démon" en vieil anglais. Le mot provient de la divinité infernale latine Orcus, représentée comme un géant barbu sur les fresques funéraires romaines et qui est directement associée à la mort. En français, le mot est devenu "ogre". 

Cependant, même si les légendes sur de telles créatures pullulent, le concept d’Orque comme étant une race précise d’êtres démoniaques ne naît qu’avec l’œuvre de Tolkien. 




Charlène et Fiona.  


                                     

jeudi 5 mars 2015

Le Lion de Macédoine - David Gemmell

Bonjours à tous, aujourd’hui je vais vous parler d’un cycle fantasy assez réputé puisqu’il s’agit du Lion de Macédoine par le grand David Gemmell
 

Parmenion

Mais qu’est-ce qui différencie ce cycle de tant d’autres dans le milieu de la Fantasy ? Et bien la première particularité, et pas des moindres, tient au fait que celui-ci se déroule pendant la période de l’Antiquité là où la grande majorité des œuvres Fantasy prennent place dans des univers médiévaux. Ici, nous sommes donc plongés à l’époque de la Grèce antique plus précisément pendant une période qui s’étend de la fin de la guerre du Péloponnèse jusqu’aux conquêtes d’Alexandre le grand, c’est-à-dire environ tout le 4e siècle avant J-C.
David Gemmell s’appuie donc sur une base historique pour dérouler son récit. A cette base s’ajoute du fantastique, dans lequel vont se mêler magie, créatures fantastiques, prophéties et toujours ce combat millénaire entre le bien et le mal qui cherche encore à faire pencher la balance du côté obscur.

Le héros que nous offre de suivre l’auteur, n’est autre que le célèbre Parménion. Dans la réalité historique, celui-ci fut général dans l’armée macédonienne sous Philippe II. Sous son fils, Alexandre le Grand, il joua un rôle très important en consolidant et élargissant les frontières de la Macédoine : d'abord avec le père de celui-ci face aux Péoniens et aux Illyriens, puis en combattant avec Alexandre notamment à la célèbre bataille de Gaugamèles où le grand roi perse Darius III fut vaincu. Gemmel s’inspire donc de la vie de l’homme pour ensuite s’en différencier en plusieurs points, son enfance et sa place dans l’histoire étant bien sûr romancées
Dans le roman, l’aventure commence alors que Parménion est encore enfant. Celui-ci est élève dans une caserne à Sparte, célèbre cité grecque très militarisée rompue au combat d’infanterie. Malheureusement pour lui, Parménion est un sang-mêlé, mi-macédonien, mi-spartiate et de ce fait méprisé, haï par bon nombre de ces camarades. Malgré tout, son courage, son habilité au combat et surtout sa fine maîtrise des tactiques guerrières de l’époque attire le respect de certains. 
Xénophon, ancien général athénien exilé qui apporte désormais son aide à Sparte le prend alors sous sa protection (ce personnage a vraiment existé et combattit sous les ordres d’Agésilas 2, roi à Sparte). 
 La vie du jeune homme est difficile et la haine grandit entre lui et Sparte. Après un drame que j’éviterai de dévoiler ici, Parménion se retrouve à Thèbes (autre cité grec importante de l’époque) et jure de se venger de Sparte. C’est à Thèbes qu’il rencontrera Philippe, jeune prince de Macédoine. Cette rencontre aura un retentissement sur le reste de l’aventure puisque celle-ci suit les grandes lignes de l’histoire ne l’oublions pas.

Venons-en maintenant au fantastique. Sans le savoir, Parménion est l’outil d’une lutte éternelle entre le bien et le mal. En effet une entité maléfique, l’Esprit du Chaos ou Dieu Noir cherche à s’incarner dans un homme puissant à travers lequel il aurait tout loisir d’étendre sa domination au monde. Cet homme, serait-ce Parménion ? Ou bien un autre potentiel grand conquérant ? (je suis sûr que vous avez deviné).

Hypaspiste

Je ne vous en dis pas trop et vous laisse découvrir la suite par vous-même. Sachez que si vous cherchez de la Fantasy Antique, ce cycle est fait pour vous. Vous y trouverez pèle-mêle de grandes batailles rangées de phalanges d’hoplites et de cavaliers bardés d’armures de bronzes et protégés de bouclier ronds, des créatures fantastiques de la mythologie grecque (centaures, chimères, minotaures, gorgones et autres soldats du néant), des histoires d’amours proches des tragédies grecques et un combat contre les forces du mal qui s’étend sur plusieurs décennies. Si le début de l’histoire a des airs d’aventure initiatique (ce qui permet de s’attacher à Parménion) la suite n’en est que plus épique et nous suivons avec d’autant plus d’entrain les péripéties guerrières du héros dans la lutte qu’il mène pour son salut et celui des hommes.


Hoplites

Le style est clair et fluide. Le suspense est prenant et nous invite à tourner les pages. Les références à la mythologie grecque sont constantes et les événements historiques de cette période sont respectés tout en laissant la part belle à l’imagination fertile de l’auteur. Ceux-ci nous donnent même envie d’en savoir plus. Il m’est arrivé plus d’une fois après ma lecture de chercher des informations supplémentaires sur les victoires de Parménion, les croyances antiques et ou bien les sociétés de l’époque (pour vous donner un exemple, je ne savais pas que Sparte était une dyarchie où deux rois y siégeaient ensemble). Mais ne vous inquiétez pas, celles déjà présentes remplissent aisément leurs rôle pour un simple néophyte. En conclusion, bien que l’intrigue principale ne soit pas des plus extraordinaires, le mélange Antiquité, mythologie et Fantasy plus traditionnelle joue son rôle avec une grande efficacité. A recommander pour tous les amateurs et amatrices d’aventures épiques.

Vincent