La première œuvre
littéraire de l'Histoire
Tablette n°11 de l'Epopée de Gilgamesh |
C'est
dans les années 1850 que furent découverts, par les archéologues
A. H. Layard et H. Rassam, près de 30 000 textes ensevelis durant
des siècles dans la Bibliothèque d'Assurbanipal, un ancien roi
assyrien, à Ninive (dans l'actuel Irak). Ces textes sont rédigés
en écriture cunéiforme (dont les caractères sont en forme de
coins) sur des tablettes d'argile, majoritairement en langue
akkadienne, et se composent essentiellement de documents religieux ou
administratifs. Il faut toutefois attendre le déchiffrage de cette
ancienne écriture pour qu'une série de douze tablettes sortent du
lot. Cette série raconte la légende du roi Gilgamesh à travers ce
qui est considéré actuellement comme la première œuvre littéraire
de l'Histoire, plus ancienne encore que « l’Iliade »
et « l’Odyssée » d'Homère.
Cette histoire vieille de
plus de 4000 ans est aujourd'hui connue sous le nom de « L'
Épopée de Gilgamesh ». Interventions des dieux, figure
typique du héros, naissance et perte d'une amitié, quête
initiatique et de l'immortalité,... autant de thèmes que l'on
retrouve dans les mythes grecs futurs et qui apparaissent déjà dans
cette œuvre babylonienne.
Résumé de l’Épopée
de Gilgamesh
Représentation de Gilgamesh Sur la façade du palais de Sargon II à Khorsabad |
Roi
d'Uruk (situé dans l'actuel Irak), Gilgamesh est présenté dès le
début comme un despote cruel et brutal envers ses sujets. A tel
point que ces derniers vont en appeler aux dieux pour les protéger
de la folie et des pulsions destructrices de leur souverain. Pour
contrer le tyran, les dieux décident de modeler dans de l'argile un
homme fort et sauvage, de lui donner la vie et de l'envoyer sur la
terre. L'objectif d'Enkidu, car tel est son nom, est donc de
combattre et terrasser Gilgamesh. Vivant dans un premier temps, en
pleine nature avec les bêtes sauvages, Enkidu va petit à petit
connaître les plaisirs de la civilisation en la compagnie d'une
courtisane et gagnera en humanité. Vient alors la rencontre entre
les deux hommes, Gilgamesh et Enkidu, qui précède une longue lutte
à mains nues. Constatant qu'ils sont de forces égales, ils décident
de cesser le combat et se lient d'une amitié quasi-fusionnelle.
A
eux deux, il vécurent plusieurs aventures qui les amenèrent à tuer
le géant Humbaba, protecteur de la Forêt de Cèdres interdite aux
mortels, et le taureau céleste. Ce dernier fut envoyé par Ishtar
(l'Aphrodite babylonienne) contre Gilgamesh, vexée que celui-ci ait
repoussé ses avances.
Sous
l'impulsion des dieux, offensés par tant de provocations, Enkidu
tombe malade et meurt. Ce décès va anéantir Gilgamesh qui, dès
lors, va développer une hantise obsessionnelle de la mort.
Cette
peur le mène à rechercher l'immortalité. Pour ce faire, il part à
la recherche de Utanapishtim, le seul être humain à avoir survécu
au Déluge (celui également mentionné dans la bible) et auquel les
dieux ont fait le don de l'immortalité. Après un long périple et
diverses épreuves, le roi d'Uruk finit par trouver l'immortel mais
ce dernier ne peut satisfaire sa demande. Utanapishtim lui explique
que seuls les dieux sont aptes à accorder cette immortalité tant
convoitée.
Gilgamesh
revient donc à Uruk mais, s'il n'a pas obtenu l'immortalité,
l'amitié d'Enkidu et les diverses épreuves passées ont
métamorphosées ce roi devient plus tard un sage et accepte sa
condition de mortel.
Gilgamesh dans Fate Stay Night |
Le personnage de
Gilgamesh dans la culture populaire
« L’Épopée
de Gilgamesh » et le personnage même du roi d'Uruk furent
adaptés sous plusieurs formes artistiques. L'écrivain
américain Robert Silverberg en fit un roman, « Gilgamesh, roi
d'Ourouk » (1984), s'appuyant sur le récit et développant
l'aspect psychologique de ce roi tourmenté. Plus surprenant est la
suite qu'il écrivit cinq ans plus tard : « Jusqu'aux
portes de la vie ». Dans celui-ci, on retrouve Gilgamesh dans
un univers où tous les morts sont ressuscités. Il va alors partir à
la recherche de son ami Enkidu.
Gilgamesh eut le droit aussi à sa série de bandes dessinées en 2 tomes ( de Gwen de Bonneval et Frantz Duchazeau) reprenant là encore l'histoire telle qu'elle est résumée plus haut. Plus curieux, Marvel a également employé le nom de Gilgamesh pour un de ses super-héros ; un héros immortel cette fois.
Gilgamesh eut le droit aussi à sa série de bandes dessinées en 2 tomes ( de Gwen de Bonneval et Frantz Duchazeau) reprenant là encore l'histoire telle qu'elle est résumée plus haut. Plus curieux, Marvel a également employé le nom de Gilgamesh pour un de ses super-héros ; un héros immortel cette fois.
Plusieurs
opéras portent le nom de Gilgamesh et s'inspirent de son histoire.
On peut citer par exemple celui de Per Nørgård.
Plus
moderne, le groupe de Visual Kei Girugamesh a emprunté son nom au
célèbre roi légendaire.
Des
séries télévisées comme Star Trek, Highlander ou encore Futurama
ont fait référence au personnage. A noter que dans Highlander,
Gilgamesh est un immortel.
On
retrouve aussi le nom de Gilgamesh dans de nombreux jeux videos :
dans plusieurs Final Fantasy, Devil May Cry 4, Titan Quest, Fate/stay
night...
Bien
entendu, il ne s'agit ici que de quelques exemples et les œuvres
faisant références à l’Épopée de Gilgamesh sont nettement plus
nombreuses.
Pas
aussi connu qu'un Ulysse, un Hercule ou autre héros gréco-romain,
l'impact de Gilgamesh sur la culture populaire n'est toutefois pas
négligeable. Après le projet avorté d'une adaptation
cinématographique (avec Omar Sharif) de ce mythe mésopotamien, on
attend toujours un long-métrage sur l’Épopée de Gilgamesh.
Damien