Œuvre : Roman
Titre(s) : EverWorld. Tome 1 : À
la recherche de Senna ; Tome 2 : L'Épopée fantastique ;
Tome 3 : Le Voyage sans retour.
Auteur : Katherine
Alice Applegate
Utilisation Mythologique : Inspiration
des univers mythologiques grecs, romains, aztèques, arthuriens, etc.
L'ESSENTIEL :
Points positifs :
– Des personnages à la psychologie réaliste, qui ne sont pas des héros.
– Les différentes mythologies au service de l'histoire se mélangent sans problème.
– Il y a Merlin l'enchanteur !
Points négatifs :
– Une certaine répétitivité peut se ressentir avec le deuxième tome.
– On peut prévoir certains des retournements de situations.
Huitzilopochtli, comme il est dépeint dans le codex Borbonicus |
Ah, EverWorld... Cette trilogie
de romans traîne dans ma bibliothèque depuis une bonne dizaine
d'années, et je ne me suis pas privé de les relire un bon nombre de
fois.
Mais qu'est-ce donc qu'EverWorld, me demanderez-vous ?
Eh
bien, je vais vous l'expliquer :
Les quatre personnages principaux, des
adolescents bien de chez nous, confrontés aux problèmes de famille
ou de lycée, sont, du jour au lendemain, propulsés dans EverWorld,
un monde où se côtoient sans la moindre distinction guerriers
vikings et aztèques, chevaliers de la Table Ronde et animaux
parlants, sorciers Africains et Atlantes...
Oui, mais si ce n'était que ça, ce
serait trop simple : ce monde est gouverné par des divinités
mythologiques. TOUTES les mythologies. Ne soyez donc pas étonnés
si, dans les premiers chapitres, les héros se font interroger par
Loki (Dieu Nordique de la Discorde), avant d'être embarqués dans
une guerre contre Huitzilopochtli (le dieu Aztèque de la guerre).
Loki, tiré d'un manuscrit Islandais du XVIIIe siècle |
Et c'est là que commence l'histoire : la survie de quatre adolescents dans un univers qui ne leur
correspond absolument pas et auquel ils devront pourtant s'adapter.
Et au passage, retrouver Senna.
Qui est Senna ? Le cinquième membre de
leur petit groupe, elle aussi propulsée dans EverWorld, mais qui
s'est mystérieusement échappée lors du voyage.
Katherine Applegate nous entraîne dans
son univers, un patchwork de différents mondes assemblés sans la
moindre volonté de cohérence, mais qui pourtant s'associent avec
harmonie pour donner un univers unique. Les héros voyageront donc
sur les contrées verdoyantes d'Irlande, pour errer ensuite dans un
désert africain, erreront dans les entrailles du monde, et
visiteront les confins des océans, le tout après une unique heure
de marche. Brutal, comme changement...
Tyr et Fenrir, John Bauer |
Les personnages ne sont pas en reste.
En gros, ils vont réagir comme le feraient des humains normaux propulsés dans un univers de fantasy : refus d'y croire,
incompréhension, crises de panique, poussées d'adrénaline
lorsqu'il s'agit de foncer pour survivre...
Car oui, ne croyez
surtout pas que, parce qu'il s'agit d'un univers de fantasy, tout le
monde est beau et gentil, et qu'il n'y a qu'un seul grand méchant
qui veut la peau des héros. Non, non, non, ce serait beaucoup trop
simple, ça : Chaque personnage a son histoire et ses propres
intentions. Si le chef des vikings protège les héros, est-ce parce
qu'il est gentil, ou parce qu'il peut s'en servir comme monnaie
d'échange pour plus tard ? Est-ce que ces extra-terrestres menaçants
vont me découper en rondelles, ou veulent-ils juste faire du
commerce ? Ce sanglier sera-t-il mon prochain repas, ou va-t-il me
faire du chantage ?
Mis à part les chevaliers de la Table
Ronde, on ne saura jamais d'avance sur quel pied danser avec chaque
personnage, puisque chacun peut soudainement retourner sa veste et
trahir les héros.
Sans compter que les héros en
question... n'ont strictement rien d'héroïque ! Ce sont des
adolescents, et si une chose est sûre, c'est qu'un ado accomplit
rarement des faits d'armes dignes d'être racontés par les
ménestrels. Condamnés à être ballottés dans un monde dont ils ne
connaissent rien, ils ne pourront que jouer sur leur ruse et leur
aptitude à mentir (inédite dans le monde d'EverWorld) pour se tirer
du pétrin. Alors inutile de s'attendre à des combats épiques, vous
n'en aurez pas. Même lors des scènes de bataille, on ne peut pas
vraiment dire que les personnages soient vraiment des seigneurs de
guerres confirmés, agissant plus par réflexe que par talent.
Alors que font-ils ? Ils essaient de ne
pas se faire tuer, tout simplement. Et croyez-moi, dans un univers
comme celui d'EverWorld, il n'est vraiment pas facile de voyager
d'une ville à l'autre sans mettre sa vie en jeu. Pourtant, c'est ce
qu'ils font, pourchassant le fragile espoir de tomber sur quelqu'un –
ou quelque chose – qui pourra les renvoyer dans leur monde.
Héphaïstos forgeant la foudre de Zeus, par Rubens, Musée du Prado |
Maintenant, n'allez pas croire que tout
est parfait : certains retournements de situations ne sont pas bien
difficiles à prévoir, et les héros ne souffriront jamais plus que
nécessaire. On est dans un livre pour ados, quand même ! De la même
manière, pas de surenchère de détails gores ou obscènes. Certes,
l'univers se veut réaliste, mais pas non plus au point d'égaler Le Trône de Fer/Game of Thrones (ou Berzerk, pour les amateurs de
mangas) en termes de violence
physique, psychologique ou morale. EverWorld en est
même trèèèèès très loin.
Mais individuellement, les héros ne
sont pourtant pas en berne : chacun a une psychologie et suit une
évolution cohérente avec son vécu. Ils ont une personnalité de
base, mais également des souvenirs, des tics ou des préférences
religieuses. Leurs différentes manières de percevoir le monde qui
les entoure engendrera des disputes, des dissensions dans l'équipe,
et pourra même leur attirer des problèmes.
Après, on arrivera au principal défaut
de l’œuvre, notamment repérable avec les deux premiers tomes :
Les héros n'ayant grosso-modo aucun but dans EverWorld (ils ne sont
pas là pour tuer les méchants, ni pour se faire un nom. Ce sont
juste des gugusses se trouvant au mauvais endroit), l'histoire est
assez répétitive. Et je parle d'histoire en terme d'intrigue : les
héros avancent au hasard, rencontrent un obstacle, s'en
débarrassent, puis recommencent à avancer au hasard.
Ce n'est vraiment qu'avec le troisième
roman, où seront révélés bon nombre d'éléments, et qui feront
apparaître de nouvelles menaces, qu'un but sera alors clairement
défini pour les personnages principaux, désormais contraints de
faire des choix. Et le pire de tous, celui qui leur demandera le plus
grand des sacrifices. Ou le moindre.
Je n'en dis pas plus, je ne réussirais qu'à vous spoiler. En attendant, j'espère vous avoir donné envie de découvrir l'univers d'EverWorld !
Je n'en dis pas plus, je ne réussirais qu'à vous spoiler. En attendant, j'espère vous avoir donné envie de découvrir l'univers d'EverWorld !
Albin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire