vendredi 7 novembre 2014

EverWorld, la trilogie

Œuvre : Roman
Titre(s) : EverWorld. Tome 1 : À la recherche de Senna ; Tome 2 : L'Épopée fantastique ; Tome 3 : Le Voyage sans retour.
Auteur : Katherine Alice Applegate
Utilisation Mythologique : Inspiration des univers mythologiques grecs, romains, aztèques, arthuriens, etc.

L'ESSENTIEL :

Points positifs :
– Des personnages à la psychologie réaliste, qui ne sont pas des héros.
– Les différentes mythologies au service de l'histoire se mélangent sans problème.
– Il y a Merlin l'enchanteur !


Points négatifs :
– Une certaine répétitivité peut se ressentir avec le deuxième tome.
– On peut prévoir certains des retournements de situations.

Huitzilopochtli, comme il est dépeint dans le
codex Borbonicus

Ah, EverWorld... Cette trilogie de romans traîne dans ma bibliothèque depuis une bonne dizaine d'années, et je ne me suis pas privé de les relire un bon nombre de fois.
Mais qu'est-ce donc qu'EverWorld, me demanderez-vous ?
 Eh bien, je vais vous l'expliquer :
Les quatre personnages principaux, des adolescents bien de chez nous, confrontés aux problèmes de famille ou de lycée, sont, du jour au lendemain, propulsés dans EverWorld, un monde où se côtoient sans la moindre distinction guerriers vikings et aztèques, chevaliers de la Table Ronde et animaux parlants, sorciers Africains et Atlantes...
Oui, mais si ce n'était que ça, ce serait trop simple : ce monde est gouverné par des divinités mythologiques. TOUTES les mythologies. Ne soyez donc pas étonnés si, dans les premiers chapitres, les héros se font interroger par Loki (Dieu Nordique de la Discorde), avant d'être embarqués dans une guerre contre Huitzilopochtli (le dieu Aztèque de la guerre).



Loki, tiré d'un manuscrit Islandais du XVIIIe siècle

Et c'est là que commence l'histoire : la survie de quatre adolescents dans un univers qui ne leur correspond absolument pas et auquel ils devront pourtant s'adapter. Et au passage, retrouver Senna.
Qui est Senna ? Le cinquième membre de leur petit groupe, elle aussi propulsée dans EverWorld, mais qui s'est mystérieusement échappée lors du voyage.
Katherine Applegate nous entraîne dans son univers, un patchwork de différents mondes assemblés sans la moindre volonté de cohérence, mais qui pourtant s'associent avec harmonie pour donner un univers unique. Les héros voyageront donc sur les contrées verdoyantes d'Irlande, pour errer ensuite dans un désert africain, erreront dans les entrailles du monde, et visiteront les confins des océans, le tout après une unique heure de marche. Brutal, comme changement...





Tyr et Fenrir, John Bauer
Les personnages ne sont pas en reste. En gros, ils vont réagir comme le feraient des humains normaux propulsés dans un univers de fantasy : refus d'y croire, incompréhension, crises de panique, poussées d'adrénaline lorsqu'il s'agit de foncer pour survivre...
Car oui, ne croyez surtout pas que, parce qu'il s'agit d'un univers de fantasy, tout le monde est beau et gentil, et qu'il n'y a qu'un seul grand méchant qui veut la peau des héros. Non, non, non, ce serait beaucoup trop simple, ça : Chaque personnage a son histoire et ses propres intentions. Si le chef des vikings protège les héros, est-ce parce qu'il est gentil, ou parce qu'il peut s'en servir comme monnaie d'échange pour plus tard ? Est-ce que ces extra-terrestres menaçants vont me découper en rondelles, ou veulent-ils juste faire du commerce ? Ce sanglier sera-t-il mon prochain repas, ou va-t-il me faire du chantage ?



Mis à part les chevaliers de la Table Ronde, on ne saura jamais d'avance sur quel pied danser avec chaque personnage, puisque chacun peut soudainement retourner sa veste et trahir les héros.
Sans compter que les héros en question... n'ont strictement rien d'héroïque ! Ce sont des adolescents, et si une chose est sûre, c'est qu'un ado accomplit rarement des faits d'armes dignes d'être racontés par les ménestrels. Condamnés à être ballottés dans un monde dont ils ne connaissent rien, ils ne pourront que jouer sur leur ruse et leur aptitude à mentir (inédite dans le monde d'EverWorld) pour se tirer du pétrin. Alors inutile de s'attendre à des combats épiques, vous n'en aurez pas. Même lors des scènes de bataille, on ne peut pas vraiment dire que les personnages soient vraiment des seigneurs de guerres confirmés, agissant plus par réflexe que par talent.
Alors que font-ils ? Ils essaient de ne pas se faire tuer, tout simplement. Et croyez-moi, dans un univers comme celui d'EverWorld, il n'est vraiment pas facile de voyager d'une ville à l'autre sans mettre sa vie en jeu. Pourtant, c'est ce qu'ils font, pourchassant le fragile espoir de tomber sur quelqu'un – ou quelque chose – qui pourra les renvoyer dans leur monde.


Héphaïstos forgeant la foudre de Zeus,
par Rubens, Musée du Prado
Maintenant, n'allez pas croire que tout est parfait : certains retournements de situations ne sont pas bien difficiles à prévoir, et les héros ne souffriront jamais plus que nécessaire. On est dans un livre pour ados, quand même ! De la même manière, pas de surenchère de détails gores ou obscènes. Certes, l'univers se veut réaliste, mais pas non plus au point d'égaler Le Trône de Fer/Game of Thrones (ou Berzerk, pour les amateurs de mangas) en termes de violence physique, psychologique ou morale. EverWorld en est même trèèèèès très loin.

Mais individuellement, les héros ne sont pourtant pas en berne : chacun a une psychologie et suit une évolution cohérente avec son vécu. Ils ont une personnalité de base, mais également des souvenirs, des tics ou des préférences religieuses. Leurs différentes manières de percevoir le monde qui les entoure engendrera des disputes, des dissensions dans l'équipe, et pourra même leur attirer des problèmes.

Après, on arrivera au principal défaut de l’œuvre, notamment repérable avec les deux premiers tomes : Les héros n'ayant grosso-modo aucun but dans EverWorld (ils ne sont pas là pour tuer les méchants, ni pour se faire un nom. Ce sont juste des gugusses se trouvant au mauvais endroit), l'histoire est assez répétitive. Et je parle d'histoire en terme d'intrigue : les héros avancent au hasard, rencontrent un obstacle, s'en débarrassent, puis recommencent à avancer au hasard.


Ce n'est vraiment qu'avec le troisième roman, où seront révélés bon nombre d'éléments, et qui feront apparaître de nouvelles menaces, qu'un but sera alors clairement défini pour les personnages principaux, désormais contraints de faire des choix. Et le pire de tous, celui qui leur demandera le plus grand des sacrifices. Ou le moindre.
Je n'en dis pas plus, je ne réussirais qu'à vous spoiler. En attendant, j'espère vous avoir donné envie de découvrir l'univers d'EverWorld !

Albin

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