jeudi 5 février 2015

Princesse Mononoké - Hayao Miyazaki

Le 16 février 2015, Chroniques des Panthéons vous attend au cinéma Le Studio à 20h, pour une projection exceptionnelle de Princesse Mononoké.

Miyazaki a su marquer l'univers du film d'animation dans le monde entier, avec ses œuvres emplies d'imaginaire et de créatures fantastiques. En gardant un dessin traditionnel du début à la fin de sa carrière, il nous a immergé dans ses mondes merveilleux. Pour l'ensemble de sa carrière, il a dernièrement obtenu un Oscar d'honneur.

Princesse Mononoké est un film épique et éblouissant, ayant reçu un succès à la hauteur du travail demandé. En effet, sa réalisation a nécessité presque trois ans. La musique est signée de Joe Hisaishi et accompagne à merveille ce chef-d’œuvre de l'animation japonaise.

Bien que le titre soit dédié à la Princesse, le film conte l'histoire d'Ashitaka, un jeune prince du peuple Emishi, chose rare dans les films de Miyazaki car d'ordinaire le rôle principal est attribué à une femme. Victime d'une malédiction mortelle, formant des marques étranges sur son bras et le dévorant peu à peu, il est ainsi forcé de quitter son village pour trouver un remède. Dans sa quête, il se retrouve au milieu d'une guerre sans merci opposant les humains et les dieux de la forêt.

Historiquement, le récit se déroulerait dans le moyen-âge japonais, c'est à dire l'ère Muromashi, une période connue pour ses nombreux conflits et ses mutations sociales, politiques et technologiques. Symboliquement, le film raconte un conflit entre la nature et la civilisation en pleine évolution à cette époque. Du côté de la nature, on a San, la "Princesse Mononoké", qui s'oppose à Dame Eboshi, chef du clan des forgerons voulant détruire la forêt et ses habitants.

Ère Muromashi  
Loin d'être manichéen, le film ne présente pas de "méchant". Chaque personnage poursuit un but qui lui est propre et légitime. Les liens entre les personnages, leurs conflits et leurs évolutions construisent le récit. La Princesse Mononoké ("chose étrange", "monstre" en Japonais) est la représentante de la nature. Rien que par son nom, elle est qualifiée de non humaine. Elle vit dans la forêt parmi les animaux (elle peut même leur parler) et défend ainsi son territoire contre l'invasion humaine. Luttant contre le progrès de la civilisation, elle est aussi vue comme une rebelle contre l'espèce humaine.

Dame Eboshi, quant à elle, symbolise de la civilisation. Pouvant être considérée comme une "méchante" puisqu'elle déboise la forêt pour nourrir le feu de ses forges, ses actions sont cependant motivées par le progrès et l'indépendance de l'homme avec la nature. Ainsi, elle veut se débarrasser du Dieu-Cerf, dieu de la forêt. De plus, elle fait preuve de nobles intentions en accueillant dans sa forteresse des lépreux, des prostituées...

On retrouve deux thèmes importants dans ce film : la Nature et la religion Shintoïste. Comme dans Nausicaä et Mon voisin Totoro, Miyazaki nous adresse un message écologique. L'homme n'est pas mauvais et c'est à travers Ashitaka, que l'on comprends les objectifs des deux camps, chacun soutenu par de bons arguments. La Nature est elle aussi représentée comme cruelle et sévère par Miyazaki.
Kami
Dans la mythologie japonaise, les esprits et les dieux se trouvent dans la nature. Miyazaki est shintoïste et croit donc à la présence des esprits, ou plus exactement de Kami, dans le moindre recoin de nature (montagne, cascade, forêt, etc.). Dans Princesse Mononoké, les animaux sont les kamis : splendides mais aussi cruels, ils représentent la nature.

Les Kamis peuvent être maudits, par ce qu'on appelle le Tatari ("malédiction"), dû au Tsumi ("la faute"). Pour les shintoïstes, dans un sens ancien, on peut être contaminé par le contact du sang ou d'un cadavre. Aujourd'hui, le Tatari a un sens plus moral : la souillure de l'âme par la péché. Dans le film, cette malédiction se compose de gros vers grouillant sur le corps du Tatari. Plusieurs personnages en souffrent, comme Nago, le Dieu Sanglier, au début du film, qui est à 'origine de la contamination d'Ashitaka. La purification est l'unique moyen de s'en débarrasser. Dans le film, San exécute le rite du Tamagushi (rite shintô) pour tenter de sauver Ashitaka. Cela consiste à plante une branche de Sakaki au sol pour attirer les faveurs des Kamis.

Kodama
Les Kodamas ("esprit de l'arbre") sont aussi présents. Il s'agit d'esprit vivant dans les arbres qui vont aider notre héros dans sa quête. D'après la légende, l'écho dans la montagne serait crée par ces esprits. Miyazaki les représente comme des petits êtres tout blanc et très mystérieux.

Les loups qui accompagnent San seraient aussi en lien avec la mythologie japonaise. Ils ressemblent aux Karashishi, des chiens-loups qui gardent les temples et se tiennent près des Torii (portail traditionnel japonais de temple shintoïste, séparant le lieu sacrée du lieu profane).
Enfin, la dernière représentation mythologique est celle du Shishi Gami, le Dieu Cerf, le Dieu de la forêt et de la vie et de la mort. C'est un personnage important car il symbolise la nature, voir même l'équilibre naturel de la vie. Dans le shintoïsme, il est la monture des dieux et est un symbole divin, avec ses représentations dans les Kakemonos.

Miyazaki veut que nous reprenons conscience que la nature est un élément essentiel de nos vies, et qu'elle peut être à la fois magnifique et terrifiante. La Nature peut abriter des êtres bienveillants mais aussi des monstres. Il faut accepter l'environnement et vivre en harmonie avec, selon Miyazaki.

Princesse Mononoké est un film remarquable, avec un ton plus grave que d'autres de ces films qui peuvent être plus léger. On plonge dans une ambiance plus pesante, accompagnée d'une richesse historique et mythologique. Teinté de quelques scènes assez violentes, le film peut choquer les plus jeunes. De toutes ses œuvres, il s'agit de la plus complexe et et la plus tragique, et l'une des plus réussies de sa carrière.

Et surtout, si vous voulez voir ou revoir Princesse Mononoké, rendez vous au cinéma Le Studio (Le Havre) le 16 Février 2015 à 20h !

Mélanie.

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