Acteurs
: Breno Mello, Lourdes de Oliveira, Marpessa Dawn
Genre
: Drame musical, romance
Nationalité
: Française, Brésilienne
Année
de sortie : 1959
Durée
: 1h45mn
Palme
d'or au festival de Cannes en 1959 et Oscar du meilleur film en
langue étrangère l'année suivante, Orfeu
Negro
est une adaptation de la pièce de théâtre Orfeu
da Conceição de
Vinícius
de Moraes, musicien et poète brésilien. Sa réalisation fut alors
confiée à Marcel Camus, « jeune » cinéaste français
qui signe là son deuxième film après Mort
en fraude
(1957).
Orfeu Negro revisite le mythe grec d'Orphée en
le transposant dans les favelas de Rio de Janeiro en plein
préparatifs du célèbre carnaval. L'intrigue débute par l'arrivée
d'Eurydice, jeune fille débarquée de la campagne pour retrouver sa
cousine, dans cette grosse métropole qu'est Rio. Elle y rencontre un
jeune chauffeur de tramway, Orfeo, dont les qualités de danseur et
de guitariste ne sont plus à prouver. Dès lors, l'amour naîtra
entre ces deux jeunes gens ; un amour qui connaîtra néanmoins
une fin brutale avec la mort d'Eurydice. Ne se remettant pas de la
perte de son âme-sœur, Orfeo n'aura de cesse de la rechercher...
Avant de se lancer dans une brève analyse comparative
entre la version antique et le scénario de ce film, un rapide rappel
du mythe originel s'impose.
Orphée, fils du roi de Thrace et d'une Muse, était
un célèbre poète et musicien. La force de sa musique était telle
que les arbres et les rochers, charmés, se déplaçaient pour le
suivre.
A son retour d'un voyage avec les argonautes de Jason, Orphée
épousa la dryade (nymphe des forêt) Eurydice. Le jour de leurs
noces, poursuivie par Aristée qui tentait de la violer, Eurydice
marcha sur un serpent qui la mordit, entraînant ainsi sa mort.
Effondré, Orphée descendit la chercher aux Enfers. Grâce à ses
talents de musicien et à sa lyre, il charma le passeur Charon, le
chien Cerbère et les trois Juges des Morts. Touché également par
sa musique, Hadès accepta qu'Eurydice remonte dans le monde des
vivants. Le dieu des Enfers imposa sa seule condition :
qu'Orphée ne se retourne pas jusqu'à ce qu'elle soit revenue sous
la lumière du soleil. A la vue de la lumière du jour indiquant la
proximité de la sortie, Orphée se retourna afin de vérifier que
son amour le suivait... Il la perdit alors pour toujours.
Orfeu Negro s'inspire bien évidemment en
grande partie de ce mythe puisqu'il en suit les grandes lignes mais
afin de le rendre plus contemporain, le cinéaste s'est accordé
plusieurs libertés.
En plus d'être noir et brésilien, l'Orfeo de Camus
se distingue de son double grec par sa condition sociale. Il n'est
pas roi mais conducteur de tramway et habite dans un favela. La
transposition du mythe au monde actuel passe par une suppression des
aspects fantastiques et extraordinaires issus de la mythologie
grecque. Pas de dieux ou d'éléments surnaturels ici mais seulement
une adaptation plus réaliste du mythe quoique non dénué d'une
touche onirique sur certains passages notamment lorsque Orfeo
recherche son aimée.
Si Marcel Camus s'est défendu d'avoir opéré une
simple transcription du mythe pour son film, les références y sont
toutefois nombreuses.
Le guitariste brésilien ne peut faire bouger les
rochers et les arbres par la force de sa musique mais il réussit
néanmoins à faire lever le soleil grâce à quelques accords de
guitare. Facile si l'on choisit bien son heure.
Tout au long du film, Eurydice est poursuivie par un
homme masqué, tout de noir vêtu, personnifiant à la fois la Mort
mais aussi Aristée et le serpent du mythe originel. C'est cet homme
qui provoquera la mort de la jeune femme.
Afin de communiquer avec l'au-delà, Orfeo est invité
à participer à un rituel vaudou. Le lieu dans lequel se déroule
l’événement est gardé par un chien nommé... Cerbère.
Le dieu Hermès prête aussi son nom à un personnage
du film. Ce dernier est comme son homonyme une sorte de messager qui
va guider et aider les deux amoureux durant leurs aventures.
Dans Orfeu Negro, les Enfers grecs sont
représentés par un bâtiment administratif : le bureau des
disparus. Cet établissement est sombre, labyrinthique et doté d'un
escalier au nombre de marches infinis s'enfonçant dans les
profondeurs de la terre. Un balayeur illettré, figure du passeur
Charon, le guidera à travers ce dédale.
Les scénaristes ont complexifié l'histoire d'amour
en ajoutant une nouvelle femme, Mira, la fiancée d'Orfeo avant que
ce dernier rencontre Eurydice. De facto, Mira deviendra extrêmement
jalouse d'Eurydice. Cette jalousie provoquera indirectement la mort
d'Eurydice et directement celle d'Orphée puisque, portant le cadavre
de son aimée sur le bord d'une falaise, il recevra une pierre jetée
par Mira et chutera dans le vide. Ce dénouement final accentue le
coté tragique de l'intrigue en lui donnant même des accents
shakespeariens.
Le mythe d'Orphée à connu d'autres adaptations
cinématographiques. Par exemple, avant Orfeu Negro, Jean
Cocteau s'était déjà essayé à une transposition moderne et
originale de ce récit légendaire avec Orphée (1950) et
ensuite Le testament d'Orphée (1959). Cet amour tragique
d'Orphée et Eurydice inspirera d'ailleurs de nombreux artistes dans
divers domaines (opéra, théâtre, littérature, musique,...), de
l'Antiquité à aujourd'hui.
Damien
Damien
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