vendredi 26 décembre 2014

Troie/Les Immortels : Mythologie et Blockbuster

Eh bien me voici de retour ! Pour vous jouer un... 
Ouais non, je ne vais pas la faire, celle-là, en fait.
Bref ! Je m'en vais entonner une nouvelle chronique pour vous présenter des films !

Oui, j'ai dit "des". Car aujourd'hui, je m'attaque à deux blockbuster tous droit sortis des studios d'Hollywood et suintant la mythologie par tous les orifices ! J'ai nommé : "Troie" et "Les Immortels" !
  
Ces deux films sont directement inspirés de passages de la mythologie grecque, même si le scénario a, au passage, subi de nombreuses modifications avant d'être finalement transposé sur grand écran. Mais tous ces changements sont différents d'un film à l'autre.

Troie est un film réalisé par Wolfgang Peterson et sorti en 2004. Il nous narre le récit de la célèbre bataille de Troie, débutée par la faute de Pâris (Orlando Bloom), jeune prince Troyen ayant enlevé la belle Hélène (Diane Kruger), reine de Sparte. Manque de bol, le mari de celle-ci, Ménélas (Brendan Gleeson), est légèrement rancunier, et son frère Agamemnon (Brian Cox), roi de Mycène qui rêve d'unifier (par le sang si nécessaire) toute la Grèce, en profitera pour déclarer la guerre à la cité.

Hélène et Paris, David
Le film va principalement s'articuler autour de quelques héros de la mythologie, à commencer par Achille (incarné par Brad Pitt) : fils du roi de Phtie Pélée et de la néréide (c'est à dire une nymphe marine) Thétis, il aurait été trempé par cette dernière dans le Styx, l'un des fleuves des Enfers. Ce geste aurait alors rendu son corps invulnérable à l'exception de son talon, par lequel elle l'avait tenu. Vient ensuite Hector (interprété par Eric Bana) – Fils du roi de Troie – et Ulysse (Sean Bean, qui ne meurt pas dans ce film !) – le roi de l'île d'Ithaque, particulièrement renommé dans la Mythologie pour son intelligence et sa ruse. Et... C'est tout.
Un parti-pris plutôt intéressant, en fait : toute cette histoire, longuement décrite dans l'Illiade d'Homère, a été revisitée de manière réaliste (enfin, si on excepte le fait qu'Achille est doté d'une force quasi-surhumaine). Par conséquent, à aucun moment les dieux n'interviendront pour régler les problèmes des mortels, comme ils le faisaient dans le récit mythologique. Et c'est là que les puristes viendront hurler.

Poséidon, Copenhague
Tel personnage n'est pas sensé mourir à cet endroit-là ! Patrocle n'a jamais été le cousin d'Achille ! Le siège de Troie a duré dix ans, pas quinze jours ! Beaucoup de personnages de l'Illiade n'apparaissent même pas dans le film ! Toute la dimension tragique de l'histoire a été ignorée !
Certes. Néanmoins, je tiens à vous rappeler que le film en question dure déjà 2 heures et 43 minutes. Presque 3 heures avec le Director's Cut ! Sans compter qu'il s'agit d'une "adaptation" d'un passage de la mythologie grecque : un moyen de simplifier une partie de la littérature antique et d'en faciliter la découverte auprès du grand public.
Je ne parlerais pas non plus des conséquences d'un changement de format. Un autre que moi s'en est déjà brillamment chargé : https://www.youtube.com/watch?v=p88s7aNLXlg

Bref, nous avons là une réécriture, une modernisation d'un passage de l'Illiade, racontée de manière certes romancée et soumise aux canons d'Hollywood, mais embrassant néanmoins un réalisme inattendu. Et effectivement, il modifie certains passages. Mais même un expert en mythologie vous le confirmera : certaines histoires ont de multiples versions, se contredisant parfois même entre elles. Alors pourquoi pas ?

Tésée vainqueur du Minotaure
Les Immortels, réalisé par Tarsem Singh et sorti en 2011.
Le personnage principal est Thésée (Henry Cavill), jeune paysan entraîné sans le savoir par Zeus (joué par Luke Evans, c'est à dire le charisme personnifié. Même en jupette !) dans une histoire dépassant l'entendement.. Pour ceux qui l'ignorent, Zeus est le dieu suprême de la mythologie grecque : parfois même surnommé "le dieu des dieux" dans certaines visions (on imagine la taille des chevilles), il est maître des cieux, des nuages, des tempêtes et de la foudre.

Le roi Hypérion (Mickey Rourke) cherche à se venger des dieux qui ont refusé de sauver sa femme de la mort et pour cette raison souhaite libérer les Titans de leur prison au fond du Tartare.
En rencontrant Thésée, l'Oracle Phèdre (Freida Pinto) est assaillie par la vision de son avenir : s'il s'allie avec Hypérion, ce sera la fin du monde. Elle l'aidera donc à combattre le tyran sanguinaire pour le bien de tous... Et notamment celui des dieux, tout-puissants, mais contraints par leurs propres lois à ne jamais interférer dans la vie des mortels sous peine de mort.
Une chose est à savoir : les immortels sont invincibles et dotés d'une force ainsi que d'une vitesse sans précédent. Le seul moyen pour eux est d'être tué est d'être éliminé par un autre immortel. Lors de la première guerre entre les immortels, les vainqueurs se sont nommés "dieux", et les vaincus condamnés à l'exil furent appelés "Titans".

Car oui, Les Immortels ne se contente pas de reprendre basiquement une scène de la vie quotidienne mythologique, mais il s'inspire de plusieurs thèmes et les réactualise à sa sauce. Ce qui, à mon goût, est une réussite.
Le Minotaure
Le Minotaure devient une brute gigantesque coiffée d'un casque en forme de tête de taureau ; les Titans des sortes de guerriers rachitiques et blafards de taille humaine et en surnombre ; Thésée, sensé être à la base le fils de Poséidon (et cousin d'Héraclès) – Poséidon étant le frère de Zeus, dieu des Océans et des profondeurs marines – est ici né d'un viol de sa paysanne de mère par des bandits...
Ok ! Pourquoi pas ? C'est une manière comme une autre de moderniser un mythe. Et là, au moins, ça a le mérite de s'inscrire dans un contexte plus ou moins logique.
La loi qui empêche les dieux d'intervenir est également intéressante. Dans la mythologie, les dieux pouvaient faire ce qui leur plaisait du moment qu'il ne se faisaient pas la guerre entre eux.
En d'autres termes, si un dieu était de mauvais poil et que vous tombiez devant lui à ce moment... Bah c'était tant pis pour vous.
Dans ce film, cette règle fut instaurée afin de permettre aux humains de se débrouiller tous seuls pour régler leur problèmes, les dieux n'intervenant que si des évènements risquent de causer la fin du monde. Mais elle est à double tranchant, puisque la majeure partie des humains, après des siècles sans avoir vu le bout d'un nez divin, sont nombreux à douter de l'existence d'un véritable panthéon.
Et les interventions divines, du coup ? Car il y en a !
Eh bien... Ach, mein gott ! Que ça fait plaisir ! Quand les dieux interviennent pour distribuer quelques baffes aux infidèles, ils ne font pas semblant !
Arès
Certes, c'est gore. C'est violent, avec du sang qui gicle et des tripes qui volent ! Mais didju, que c'est bien filmé et incroyablement jouissif !

Alors admettons-le, le film n'est pas parfait. La faute notamment à son intrigue pas très développée ("va là-bas et tue tout le monde". Pour moi, ça résume assez bien l'ambiance du film...), ainsi qu'à une esthétique... Assez particulière, dirait-on. 
Autant, je peux accepter sans sourciller que les dieux soient joués par des top models jeunes, beaux et en pagne, c'est même logique. Néanmoins, pour ce qui est de leurs casques... Quand vous verrez celui d'Arès décoré d'une bonne dizaine d'épées, vous hausserez sans doute comme moi un sourcil d'incompréhension.


Les Immortels est une relecture de différents épisodes de la mythologie, et même s'il n'est pas parfait, il offre un très bon spectacle, tout en réactualisant avec brio certains de ses éléments les plus célèbres.

Albin

jeudi 18 décembre 2014

Le Hobbit, La Bataille des cinq armées

A l'occasion de la sortie du film Le Hobbit, La Bataille des cinq armées le 10 décembre dernier, je vous propose une chronique sur celui-ci !

Le film fait suite à Le Hobbit : un Voyage inattendu et Le Hobbit : la Désolation de Smaug. Ils sont tous les trois adaptés du livre Le Hobbit (The Hobbit) ou Bilbon le Hobbit écrit par J.R.R. Tolkien et paru en 1937.
Tout comme dans le trilogie Le Seigneur des Anneaux (The Lord of the Rings), l'écrivain conte une aventure qui se déroule dans l'univers qu'il a imaginé, peuplé de nombreuses créatures et de diverses contrées. Tolkien reprend aussi un élément récurent de la mythologie nordique : le fameux anneau qui apparaît dès le premier film de la série du Hobbit. L'écrivain, s'il reprend des personnages déjà existants comme les magiciens, crée un univers qui lui est propre. On peut ainsi parlé de mythologie "Tolkinienne" où les Orques, les Elfes et les Hobbits sont existants au même titre que les Hommes.


Résumé des volets précédents :

Les Nains, avec à leur tête Thorin Ecu-de-Chêne et accompagnés de Bilbon Sacquet, veulent reprendre le Royaume d'Erebor qui leur appartient depuis toujours.
Après moult péripéties, ils arrivent finalement à Erebor où le dragon Smaug garde le fabuleux trésor enfoui sous la Montagne Solitaire qui constitue le royaume. Après des années de sommeil, il se réveille et, sentant la menace, attaque Lac-ville, la cité voisine...

Dans ce troisième épisode, on entre directement dans l'action, sans discontinuité par rapport au second film : le village est en feu et Smaug continue de le survoler dangereusement...  Cependant, le reptile est vite oublié et l'action se tourne vers Erebor, où les treize Nains ont repris possession des lieux. Les habitants de Lac-ville, cherchant un refuge, sont arrivés là eux-aussi.



L'immense quantité d'or qui se trouve sous la montagne attire tous les peuples mais ce n'est pas la seule motivation : les Nains, forcément, veulent garder leur royaume ; les Elfes veulent récupérer des bijoux qui appartiennent à leur peuple ; Azog, chef des Orques, veut se venger de Thorin et prendre la Montagne Solitaire pour sa place stratégique sur le territoire ;  la population de Lac-ville veut l'argent qui lui avait été promis par Bilbon et les Nains pour reconstruire Lac-ville. Enfin, une seconde armée d'Orques menée par Bolg, le fils d'Azog, arrive après la première partie du combat pour prendre les Nains au dépourvu.

La bataille débute et Peter Jackson reprend des éléments qui fonctionnent : des plans éloignés, des travellings, des zooms sur certains duels où il se focalise sur les héros (l'affrontement entre Azog et Thorin ou celui entre Legolas et Bolg). La musique, toujours dirigée par Howard Shore, complète le tout et donne une dimension épique à cet immense carnage qui n'est pas sans rappeler la bataille du Gouffre de Helm dans Le Seigneur des Anneaux : les Deux Tours. L'attention fournie aux duels apporte du suspens et de la tension.


Au niveau du reste du scénario, on retrouve, comme dans les autres opus avec Gollum, des prémices du Seigneur des Anneaux : Dame Galadriel annonce le retour des Ténèbres lorsqu'elle porte secours à Gandalf, enfermé dans une cage à Dol Guldur. D'ailleurs, et sans surprise, le Magicien Gris arrive à s'enfuir et cela grâce à Radagast, son confrère. Un autre indice renvoie à la trilogie : Thranduil, dirigeant des Elfes et père de Legolas, donne à ce dernier le conseil de retrouver un certain Grand Pas...

Au niveau des personnages, on trouve un Thorin qui sombre dans la folie de l'avarice pour mieux retrouver son âme de leader ensuite. Kili est toujours amoureux de Tauriel tout comme Legolas, plus en forme que jamais et qui pourrait être champion du monde de gymnastique de la Terre du Milieu. Bilbon, stratège, parvient à éviter un combat futile.

En plus de la grande bataille qui est l'apogée de l'intrigue, de nouvelles créatures apparaissent et des touches d'humour sont présentes tout au long du film. Enfin, les grands paysages de Nouvelle-Zélande sont toujours un décor somptueux pour illustrer les aventures du monde de Tolkien.

Mon avis :
J'ai vu le film en 3D, à mon grand dam puisque je voulais le voir en numérique, mais au final la 3D rend bien ! Je trouve cet opus meilleur que les deux précédents, ça bouge plus grâce à cette grande bataille et je me suis sentie plus investie envers les personnages. J'ai été émue car les zooms sur les combats donne vraiment de la profondeur à l'action. Certains éléments m'ont bien fait rire (les différentes montures utilisées par les Nains, par exemple).
La toute fin est une prolepse et on retourne au début de l'histoire du Seigneur des Anneaux. J'apprécie particulièrement ce genre de final : le tour de l'Anneau est complet...

 
Fiona

lundi 15 décembre 2014

jeudi 11 décembre 2014

Immortel (ad vitam) - Enki Bilal

Ah donc, il semblerait que ce soit mon tour de prendre la plume sur ce blog encore à peine sorti de l’œuf. 

Titre : Immortel (ad vitam)
Réalisateur : Enki Bilal
Année de production : 2004
Acteurs principaux : Linda Hardy, Thomas Kretschmann, Charlotte Rampling
Durée : 102 mn

Synopsis : Dans un Paris totalitaire de 2095, un vaisseau extraterrestre en forme de pyramide égyptienne s'est posé. A son bord, des créatures ressemblant étrangement aux représentations que nous avons des dieux égyptiens antiques. L'un d'entre eux, Horus, a fui ses frères pour échapper à un emprisonnement plurimillénaire auquel il était condamné. Désespéré, il décide d'assurer sa pérennité de la même façon que les terriens : en ayant une descendance. Encore faut-il trouver la femme idéale pour cela, et surtout un corps où il puisse s'incarner pour échapper le plus longtemps possible à son frère Anubis. C'est alors qu'il croise la route de Nikopol, un anarchiste placé en détention cryogénique durant 30 ans et libéré par accident, ainsi qu'une mutante extraordinaire nommée Jill qui lui permettront de réaliser ses desseins.

Anubis

La première chose que l'on peut dire de cette œuvre est qu'il s'agit d'une adaptation de ce que l'on appelle la « trilogie Nikopol » d'Enki Bilal (comprenant « La foire aux immortels » paru en 1980, « La femme piège » en 1986 et « Froid Equateur » en 1993). Si l'histoire change sensiblement (l'univers est beaucoup plus détaillé, le passé et le développement de Nikopol ainsi que de Jill sont nettement plus prononcés), la trame de fond demeure la même : un dieu égyptien cherche a échapper d'une façon ou d'une autre a un emprisonnement insoutenable sur des millénaires, ce qu'on peut considérer comme une forme de mort lente, en laissant quelque chose derrière lui. Une démarche toute humaine pour laquelle il va avoir besoin d'un homme ordinaire n'ayant subi ni modification ni mutation, choses fréquentes à la fin du XXIe siècle, ainsi que d'une mutante à la peau blanche et aux cheveux bleus. Une symbolique d'autant plus forte qu'au milieu d'un Paris halluciné, corrompu et gangrené, le personnage principal apparaît dans sa représentation la plus archaïque.



Horus

Horus, dieu du soleil et premier pharaon de l'Egypte antique, est en effet un colosse mâle (souvent nu dans le film) dont la tête est celle d'un faucon. Connu pour ses incessantes batailles avec son frère maléfique Seth, il est représenté de plusieurs façons (couronné de rayons solaires, coiffé de la double couronne des deux Égypte, ou portant l'ankh de vie) mais généralement de façon assez similaire à celle du film. La liberté littéraire d'Enki Bilal lui laisse d'ailleurs toute latitude pour s'incarner plus ou moins longtemps dans un corps, tirer des lasers avec les yeux, communiquer par télépathie ou se transformer en faucon. On le devine sûr de lui, égoïste, pragmatique, charismatique, cynique, mais également capable d'affection... divin, en un mot.
Horus n'est d'ailleurs pas le seul représentant de son panthéon présent dans le film. On rencontre Anubis (dieu des morts à tête de chacal), Bastet (déesse à tête de chatte protectrice de Basse-Égypte)... auxquels on peut ajouter Thot (dieu de la connaissance à tête d'ibis), Sobek (dieu du Nil à tête de crocodile), Bès (dieu protecteur des enfants à l'aspect simiesque) si on jette un coup d’œil à la bande-dessinée. Ces dieux sont tous nus ou presque, divins, mais innocemment curieux des divertissements humains tel que le Monopoly.



Bastet
Simples personnages secondaires (Anubis excepté), ils contribuent néanmoins à alimenter une question récurrente : dieux ou extraterrestres ? Aucune des deux hypothèses n'est favorisée par l'auteur. 
Mis à part le fait qu'ils partagent les caractéristiques physiques et morales globales d'Horus, aucun d'entre eux ne fait jamais mine d'user de pouvoirs s'apparentant à ceux décrits dans les mythes égyptiens ou même de s'ingérer dans les affaires des mortels : à peine leur fuyard rattrapé, ils retournent dans l'espace pour un voyage inconnu. 
Ironiquement, cela montre que nous avons affaire à une ficelle classique du mythe greco-romain : les dieux interviennent dans la vie des simples mortels et repartent aussi vite qu'ils sont apparus, non sans avoir transformé quelqu'un au passage (et en avoir mis un autre en cloque).

Que rajouter à cette chronique ? Dresser un portrait de tout le panthéon égyptien serait passablement compliqué tant les querelles, généalogies et amours de chaque dieu peuvent trouver leur équivalent de notre côté de la Méditerranée. Vous parler de l'adaptation vidéoludique éditée en 2008 par le studio White Birds Productions, un jeu d'action à énigmes multiples, pourrait être intéressant mais la vérité est que je n'y ai pas suffisamment joué pour vous en faire un portrait objectif.


 
Non, en vérité je vous le dit, il ne me reste plus qu'à vous suggérer de vous intéresser à l'oeuvre globale d'Enki Bilal : peintre, dessinateur et cinéaste prolifique, il n'a de cesse de déployer devant nos yeux des uchronies toutes plus sordides les unes que les autres où se côtoient fantômes de Sarajevo, dieux égyptiens d'outre-espace et dauphins polymorphes. On s'y perd, on y rêve et on en ressort le regard habité d'une étrange lueur.
Nul doute que vous y trouverez votre Carthage.

Félix

jeudi 4 décembre 2014

Kriss de Valnor, Tome 5

Ce pauvre bougre avait renié ses dieux un peu rapidement, vous ne trouvez pas ?
- Dame Gwenda

Bonjour ! Cela fait maintenant plusieurs semaines que les Chroniques des Panthéons sont en route et pourtant aucun article du chef de projet n’a encore été publié, ce qui, avouons-le, est relativement honteux.
Ce sera désormais chose faite et pour ma première chronique, nous parlerons de Kriss de Valnor Tome 5 - Rouge comme le Raheborg sortie le 14 novembre dernier aux éditions Le Lombard.
                             
Kriss de Valnor, Tome 5, Couverture de G. Rosinski.




Synopsis :
Kriss de Valnor est désormais la reine des Vikings du Nord et la femme du jeune Roi Jolan, le fils de Thorgal. Les mariés doivent cependant se préparer à affronter l’Empereur Magnus qui veut imposer à tous les peuples du Nord sa croyance en un dieu unique, Yahvus. La bataille entre les deux armées aura lieu aux abords du Raheborg









Les plus :
- Kriss de Valnor, anti-héroïne toujours aussi fidèle à elle-même.
- Une intrigue intéressante, sur fond de guerre de religions.
- De belles illustrations…

Les moins :
- …qui manquent cruellement de personnalité.
- Une impression de déjà-vu : Game of Thrones s’invite même chez Thorgal.

L’idée des Mondes de Thorgal, comprenant les séries Kriss de Valnor et Louve, était d’exploiter l’univers de Thorgal pour en faire un univers partagé où se dérouleraient de multiples intrigues parallèles. Cet objectif est plutôt atteint. Outre les vikings, on retrouve des éléments important de la série-mère comme la présence bien réelle des dieux nordiques (la déesse Freyja jouant un rôle prédominant dans Kriss de Valnor). Le récit est parsemé d'interconnexions entre les séries mais heureusement, il n'est pas utile d'avoir lu la série mère, par exemple, pour comprendre l'histoire.



Freya, Reine des Walkyries, déesse de la beauté, de l'amour
et de la sexualité. La déesse reçoit dans son palais la moitié 
des guerriers morts au combat (l’autre moitié est reçue au 
Valhalla par Odin, Roi des dieux). Morts pour protéger 
leur famille ou leur clan, Freyja les mènera au combat lors du 
Ragnarök, l’Apocalypse Viking. 


Les premiers tomes de la série racontaient les origines de Kriss de Valnor, sa résurrection par Freyja, déesse-reine des Walkyries, puis son accession au pouvoir. Ici, l’intrigue est centrée sur l’action. De la première page quasi-apocalyptique à la dernière, le récit ne ralentit jamais. On retrouve notre anti-héroïne, toujours aussi indépendante, intéressée et sans pitié, fidèle à elle-même malgré l’épée de Damoclès qui la menace à chaque instant : la pointe de la flèche qui l'a tuée une première fois lui transpercera le cœur au premier acte immoral, la renvoyant au royaume des morts.





Le principal défaut de ce tome 5 est la forte impression de déjà-vu qu’il dégage. Les origines de Kriss n'étaient certes pas très originales (enfance difficile, viol, meurtre...) mais le traitement des personnages et le cadre de l'histoire, sur fond de mythologie nordique, permettait de passer un bon moment, en proposant même une réflexion sur la vengeance. Sauf que voilà, entre les tomes 1 et 5, la série TV Games of Thrones est passée par là. Alliances, trahisons, sexe, prêtresse psychotique (c'est la Dame Gwenda de la citation) : on retrouve des ressorts utilisés maintes fois, et avec plus de réussite, dans la série.

Niveau dessin, je suis aussi un peu déçu. Ils manquent de personnalité, surtout en comparaison avec la couverture qui est dessinée par G. Rosinski, co-créateur et dessinateur sur la série Thorgal. Pourtant, les premiers tomes de Kriss de Valnor restaient assez fidèles à la série-mère : des personnages aux physiques disgracieux, des combats violents provoquant des blessures atroces, une atmosphère parfois poisseuse… Ici, les décors sont spectaculaires, les combats sont fluides, mais les personnages, Kriss la première, sont trop beaux, trop lisses. 

Morning of the battle of Agincourt, 25th october 1415
(par Sir John Gilbert)

Je dirais donc que ce tome est en dessous des précédents Kriss de Valnor, et moins réussi que la série Thorgal. La raison est peut-être décelable dès la page de titre, où l’on apprend que l’album a été réalisé librement par le dessinateur, De Vita, sur la base du scénario d’Yves Sente. On ne s’improvise pas scénariste… Cependant, si on considère qu'il s'agit d'un "épisode de mi-saison", avec une bataille réorientant l'histoire, la lecture en devient plaisante.






Ma chronique ne répond toujours pas à une question : mais c’est quoi ce Raheborg ? C’est le nom du fleuve où se déroule la bataille. Il n’est pas rouge au début du tome...

Quentin

Pour les étudiants de l'IUT Quai Frissard, cet ouvrage est en prêt au Centre de Doc' !

jeudi 27 novembre 2014

L'épopée de Gilgamesh

La première œuvre littéraire de l'Histoire

Tablette n°11 de l'Epopée de Gilgamesh
C'est dans les années 1850 que furent découverts, par les archéologues A. H. Layard et H. Rassam, près de 30 000 textes ensevelis durant des siècles dans la Bibliothèque d'Assurbanipal, un ancien roi assyrien, à Ninive (dans l'actuel Irak). Ces textes sont rédigés en écriture cunéiforme (dont les caractères sont en forme de coins) sur des tablettes d'argile, majoritairement en langue akkadienne, et se composent essentiellement de documents religieux ou administratifs. Il faut toutefois attendre le déchiffrage de cette ancienne écriture pour qu'une série de douze tablettes sortent du lot. Cette série raconte la légende du roi Gilgamesh à travers ce qui est considéré actuellement comme la première œuvre littéraire de l'Histoire, plus ancienne encore que « l’Iliade » et « l’Odyssée » d'Homère. 


Cette histoire vieille de plus de 4000 ans est aujourd'hui connue sous le nom  de « L' Épopée de Gilgamesh ». Interventions des dieux, figure typique du héros, naissance et perte d'une amitié, quête initiatique et de l'immortalité,... autant de thèmes que l'on retrouve dans les mythes grecs futurs et qui apparaissent déjà dans cette œuvre babylonienne.

Résumé de l’Épopée de Gilgamesh

Représentation de Gilgamesh
Sur la façade du palais de Sargon II
à Khorsabad

Roi d'Uruk (situé dans l'actuel Irak), Gilgamesh est présenté dès le début comme un despote cruel et brutal envers ses sujets. A tel point que ces derniers vont en appeler aux dieux pour les protéger de la folie et des pulsions destructrices de leur souverain. Pour contrer le tyran, les dieux décident de modeler dans de l'argile un homme fort et sauvage, de lui donner la vie et de l'envoyer sur la terre. L'objectif d'Enkidu, car tel est son nom, est donc de combattre et terrasser Gilgamesh. Vivant dans un premier temps, en pleine nature avec les bêtes sauvages, Enkidu va petit à petit connaître les plaisirs de la civilisation en la compagnie d'une courtisane et gagnera en humanité. Vient alors la rencontre entre les deux hommes, Gilgamesh et Enkidu, qui précède une longue lutte à mains nues. Constatant qu'ils sont de forces égales, ils décident de cesser le combat et se lient d'une amitié quasi-fusionnelle.
A eux deux, il vécurent plusieurs aventures qui les amenèrent à tuer le géant Humbaba, protecteur de la Forêt de Cèdres interdite aux mortels, et le taureau céleste. Ce dernier fut envoyé par Ishtar (l'Aphrodite babylonienne) contre Gilgamesh, vexée que celui-ci ait repoussé ses avances.
Sous l'impulsion des dieux, offensés par tant de provocations, Enkidu tombe malade et meurt. Ce décès va anéantir Gilgamesh qui, dès lors, va développer une hantise obsessionnelle de la mort. 


 Cette peur le mène à rechercher l'immortalité. Pour ce faire, il part à la recherche de Utanapishtim, le seul être humain à avoir survécu au Déluge (celui également mentionné dans la bible) et auquel les dieux ont fait le don de l'immortalité. Après un long périple et diverses épreuves, le roi d'Uruk finit par trouver l'immortel mais ce dernier ne peut satisfaire sa demande. Utanapishtim lui explique que seuls les dieux sont aptes à accorder cette immortalité tant convoitée.
Gilgamesh revient donc à Uruk mais, s'il n'a pas obtenu l'immortalité, l'amitié d'Enkidu et les diverses épreuves passées ont métamorphosées ce roi devient plus tard un sage et accepte sa condition de mortel.
 

Gilgamesh dans Fate Stay Night
Le personnage de Gilgamesh dans la culture populaire

« L’Épopée de Gilgamesh » et le personnage même du roi d'Uruk furent adaptés sous plusieurs formes artistiques. L'écrivain américain Robert Silverberg en fit un roman, « Gilgamesh, roi d'Ourouk » (1984), s'appuyant sur le récit et développant l'aspect psychologique de ce roi tourmenté. Plus surprenant est la suite qu'il écrivit cinq ans plus tard : « Jusqu'aux portes de la vie ». Dans celui-ci, on retrouve Gilgamesh dans un univers où tous les morts sont ressuscités. Il va alors partir à la recherche de son ami Enkidu.
Gilgamesh eut le droit aussi à sa série de bandes dessinées en 2 tomes ( de Gwen de Bonneval et Frantz Duchazeau) reprenant là encore l'histoire telle qu'elle est résumée plus haut. Plus curieux, Marvel a également employé le nom de Gilgamesh pour un de ses super-héros ; un héros immortel cette fois.

 
Plusieurs opéras portent le nom de Gilgamesh et s'inspirent de son histoire. On peut citer par exemple celui de Per Nørgård.
Plus moderne, le groupe de Visual Kei Girugamesh a emprunté son nom au célèbre roi légendaire.
Des séries télévisées comme Star Trek, Highlander ou encore Futurama ont fait référence au personnage. A noter que dans Highlander, Gilgamesh est un immortel.
On retrouve aussi le nom de Gilgamesh dans de nombreux jeux videos : dans plusieurs Final Fantasy, Devil May Cry 4, Titan Quest, Fate/stay night...
Bien entendu, il ne s'agit ici que de quelques exemples et les œuvres faisant références à l’Épopée de Gilgamesh sont nettement plus nombreuses.
Pas aussi connu qu'un Ulysse, un Hercule ou autre héros gréco-romain, l'impact de Gilgamesh sur la culture populaire n'est toutefois pas négligeable. Après le projet avorté d'une adaptation cinématographique (avec Omar Sharif) de ce mythe mésopotamien, on attend toujours un long-métrage sur l’Épopée de Gilgamesh.


Damien

lundi 24 novembre 2014

Naruto - Masashi Kishimoto

Naruto, manga de Masashi Kishimoto est publié dans l'hebdomadaire Weekly Shônen (magazine japonais qui publie des mangas) depuis 1999, et en France chez les éditions Kana.



On a tous entendu parler au moins une fois de ce manga ou vu ce personnage reconnaissable à sa coupe de cheveux blonde ébouriffée. Il fait partie des Shonen (manga pour jeunes adolescents garçons mais ça n'empêche pas les filles de les lire)  très connus avec Dragon Ball Z et One Piece. Il s'est achevé dernièrement, après quinze ans de publication, et compte en tout sept cent chapitres (l'édition française n'en est pour le moment qu'au chapitre 627).
L'aventure continue toujours avec un film en attente : « The last-Naruto, the movie ». Il est également prévu pour printemps 2015 une suite basée sur la génération future en deux ou trois tomes.

Alors, Naruto de quoi ça parle ?
L'histoire se situe dans un monde de ninja, divisé en plusieurs pays, chacun possédant son pouvoir militaire propre. Chaque ninja utilise le Ninjutsu (répertoire des techniques ninjas) grâce aux différents éléments (feu, eau...). Naruto vit à Konoha, le village caché de la Feuille dans le Pays du Feu, dirigé par le Hokage (chef du village). Le héros, Naruto, souhaite lui-même devenir le Hokage, c'est à dire LE ninja le plus fort du village. 




Amaterasu, déesse du Soleil

Or, Naruto n'est pas spécialement doué, c'est même un cancre (et il en est très fier !). Autant dire qu'il va devoir faire de prodigieux efforts pour s'améliorer.

On apprend très vite au début de l'histoire, que Naruto, orphelin et seul, est le réceptacle de Kyubi, le démon renard à neuf queues qui a attaqué son village douze ans auparavant. Ce monstre qui est en lui est un Bijuu. Il s'agit d'une créature de la mythologie japonaise. Son véritable nom est Kitsune et il est le plus puissant des Bijuu. Il possède plusieurs pouvoirs, dont celui de se changer en jeune fille (cela rappelle étrangement le sort de Naruto, le « Sexi méta » où il se change en fille nue pour faire des farces ). Naruto doit désormais vivre avec ce fardeau qui l'a exclu du village. Il a vécu dans la solitude, faisant le pitre pour qu'on le remarque et prouver qu'il existe. Pour se faire accepter dans son village, il doit prouver sa valeur et sa volonté aux villageois. On retrouve parmi eux les maîtres ninjas et les aspirants ninjas qui vont devenir au fil de l'histoire ses amis, que nous allons voir grandir et évoluer avec lui. 







Izanagi et Inazami

Naruto fait partie de l'équipe 7, dirigée par Maître Kakashi. Ses compagnons sont Sakura et Sasuke, qui deviendra son plus grand rival.
Ce personnage représente le parfait opposé de Naruto : doué, fort, intelligent. Parfait, sauf son petit côté arrogant puisqu'il sait qu'il est un aspirant très fort. Dès le début, ce personnage a pour but de venger son clan et de tuer celui qui a décimé sa famille. C'est un personnage très lié à notre héros et qui possède également des rapprochements avec la mythologie japonaise.
Le clan Uchiwa, dont fait partie Sasuke, maîtrise le Sharingan (technique ninja utilisant la pupille de l'oeil). Plusieurs techniques sont des clins d’œil à des dieux Japonais.
On retrouve par exemple Izanagi et Inazami qui font parties des sorts les plus puissants. Dans le shintô (« voie des dieux »), les japonais vénèrent plusieurs divinités dont les Kamis. Ces deux divinités ont créé le monde. Leurs enfants sont également cités dans Naruto : Amaterasu, déesse du Soleil qui est, dans l'histoire, un sort composé de flammes noirs impérissables. On a également Susanoo, le dieu des Tempêtes et de l'orage qui est représenté par une technique défensive et offensive. Et enfin, on a Tsukuyomi, le dieu de la lune, qui est un sort qui apparaît plus tard dans l'histoire. 



 
Susanoo
Notre héros est confronté à toutes sortes de dangers et d'ennemis durant l'histoire et doit faire face à la violence et à la cruauté du monde des ninjas. Malgré le côté très Shonen, avec  « Vive le pouvoir de l'amitié! » qui peut être très rébarbatif au bout d'un moment, l'approche des personnages est vraiment intéressante. Les intrigues secondaires  sont bien amenées. Kishimoto sait créer des personnages charismatiques avec une histoire souvent profonde derrière.

 /!\ SPOILER /!\ (surlignez le texte pour lire) : Pour illustrer mon propos, je vais prendre l'exemple de Zabuza que l'on rencontre lors de la première mission de l'équipe 7. Au premier abord, c'est un ennemi qui met en péril la mission et qui apparaît comme un tueur sans pitié. Or, le personnage est humanisé lorsque son compagnon Haku meurt pour le protéger. Il n'arrêtait pas de le traiter comme un objet mais Naruto lui fait ouvrir les yeux sur les sentiments qu'il est capable de ressentir. On comprend qu'il a été manipulé par le système terrible des ninjas : ils doivent faire abstraction de leurs émotions et être simplement une arme. On perçoit ainsi mieux le fonctionnement du monde des ninjas et cela apporte de la profondeur à l'histoire.

 

Renard à neuf queues
Les différents arcs narratifs sont plaisants et divertissants à lire même si le manga peut parfois être assez répétitif et linéaire. C'est toutefois toujours un plaisir de plonger dans les aventures de Naruto, de voir jusqu'où il peut aller et s'il réussira à réaliser son rêve !

Si Naruto vous plaît, courez vite tel un ninja dans la librairie la plus proche pour découvrir ce manga mythique. Ou si vous connaissez déjà, je vous invite à lire Mario (seulement disponible au Japon pour le moment), un autre manga de Masashi Kishimoto en un seul tome actuellement mais qui pourrait devenir le nouveau chef d’œuvre du mangaka !


Mélanie

jeudi 13 novembre 2014

Atlantis, les fils du rayon d'or

 Atlantis
Les fils du rayon d’or
Collection Fantazy
Pierre Bordage
Edition j’ai lu, 1998


                                          Synopsis :

    Nous suivons dans ce roman le récit des aventures de Tcholko, jeune guerrier chasseur d’une tribu des steppes de Sibérie. L’histoire se déroule quelques milliers d’années avant notre ère. A la suite d’une chasse hors de son territoire, Tcholko fait la connaissance d’une jeune femme d’une beauté peu commune. Arthéa est son nom. La chamane du clan de Tcholko avait prédit un voyage. Ensemble ils vont entreprendre un long périple au travers des déserts glacés pour finalement atteindre un monde nouveau empli de merveilles et de dangers : une île, perdue dans l’océan, qu’on nomme l’Atlantide.


Explication :

Cette œuvre de Pierre Bordage fait suite à un jeu vidéo, Atlantis, secret d’un monde oublié (1997). L’histoire du roman et du jeu revisite le mythe de l’Atlantide au cours d’une préhistoire imaginaire. Ce qui nous intéresse dans ces deux œuvres et plus particulièrement dans le roman de Bordage, c’est bien évidemment toute la dimension mystique qui s’en dégage et qui a un impact direct sur les péripéties des personnages principaux. On retrouve cette éternelle lutte entre le bien et le mal, l’impact de la religion sur les peuples et la façon dont les mythes façonnent les sociétés. 

Ici la religion atlante est fondée sur le culte d’Ammu, déesse de la lune et Sa’at le dieu soleil (représenté par un taureau). Ammu est supérieure à Sa'at, son serviteur. Cette hiérarchie divine donne un caractère matriarcal à la société atlante. 

Dans le culte, les prêtresses d'Ammu disposent d'une autorité supérieure à celle des prêtres de Sa'at. Dans le domaine politique, l'Atlantide a toujours été gouvernée par une reine, représentante d'Ammu, assistée par un consort, représentant de Sa'at. Le pouvoir royal est transmis de manière héréditaire. Le consort, en revanche, n'exerce sa charge que pour une durée limitée. Il accède à ce rang en remportant les jeux organisés tous les sept ans, puis en affrontant victorieusement le consort précédent lors d'un concours nommé l'Épreuve, et exerce alors le pouvoir aux côtés de la reine pendant sept ans. Au terme des sept ans, il doit se soumettre à l'Épreuve et se confronter au nouveau vainqueur des jeux. S'il ne meurt pas dans l'affrontement, il reste au pouvoir pendant sept autres années, et ainsi de suite.


Dans notre aventure les deux héros devront déjouer les complots qui visent à instaurer un nouvel ordre sur Atlantis. Un ordre qui, vous devez vous en douter, privilégie l’intolérance, la force, la haine de l’autre et fait la guerre à la compassion, la paix et l’amour universel (du déjà vu, c’est vrai, mais le talent de Bordage remplit son office d’autant plus qu’il excelle dans son genre).


De la Préhistoire en passant par l’Antiquité, la lune ou le soleil sont présents dans de nombreuses croyances dispersées à travers le monde. Les deux astres sont déifiés par presque toutes les civilisations

La divinité lunaire n’a pas vraiment de sexe. Tantôt femme en Grèce, en Italie ou en Chine, elle est mâle au Proche Orient, en Inde ou en Egypte. Néanmoins les vertus qui lui sont attribuées riment souvent avec fertilité et fécondité. Le soleil lui, est souvent vu comme masculin même si il y a des cas féminins. Il symbolise alors le pouvoir, la puissance. Ainsi les Aztèques appelaient Huitzilopochtli, dieu du Soleil et de la guerre, le maître du monde. Dans les mythologies mésoaméricaines, les dieux solaires étaient de jeunes mâles dotés de la vigueur du soleil levant. Dans la mythologie romaine et dans un registre moins sombre, Sol est le dieu du soleil (évident n’est-il pas), de la chaleur. Il est le frère de Luna. A eux deux, ils symbolisent les saisons. Dernier exemple, qui se rapproche celui-ci de notre cas. En Mésopotamie, à Sumer, 2500 ans avant J-C, la lune a été adorée sous le nom de Sîn ou de Nanna («Le lumineux »). Ce dieu, masculin, était représenté comme certains autres dieux sumériens par un taureau. Dans cette civilisation, le soleil n’est que le fils du dieu lune. L’épouse de ce dieu, Ningal, le croissant de la nouvelle lune, est signe de fertilité pour les champs et pour les hommes.



J’espère vous avoir intéressé, n’hésitez pas à lire Atlantis si l’envie vous prend. Mais, quel que soit votre verdict, n’oubliez pas que Pierre Bordage est un écrivain prolifique et qu’il compte bon nombre d’autres romans (beaucoup plus épiques dans les aventures qu’ils proposent). 

A très bientôt pour une nouvelle chronique.

Vincent 

Pour les étudiants de l'IUT Quai Frissard, cet ouvrage est en prêt au Centre de Doc' !

vendredi 7 novembre 2014

EverWorld, la trilogie

Œuvre : Roman
Titre(s) : EverWorld. Tome 1 : À la recherche de Senna ; Tome 2 : L'Épopée fantastique ; Tome 3 : Le Voyage sans retour.
Auteur : Katherine Alice Applegate
Utilisation Mythologique : Inspiration des univers mythologiques grecs, romains, aztèques, arthuriens, etc.

L'ESSENTIEL :

Points positifs :
– Des personnages à la psychologie réaliste, qui ne sont pas des héros.
– Les différentes mythologies au service de l'histoire se mélangent sans problème.
– Il y a Merlin l'enchanteur !


Points négatifs :
– Une certaine répétitivité peut se ressentir avec le deuxième tome.
– On peut prévoir certains des retournements de situations.

Huitzilopochtli, comme il est dépeint dans le
codex Borbonicus

Ah, EverWorld... Cette trilogie de romans traîne dans ma bibliothèque depuis une bonne dizaine d'années, et je ne me suis pas privé de les relire un bon nombre de fois.
Mais qu'est-ce donc qu'EverWorld, me demanderez-vous ?
 Eh bien, je vais vous l'expliquer :
Les quatre personnages principaux, des adolescents bien de chez nous, confrontés aux problèmes de famille ou de lycée, sont, du jour au lendemain, propulsés dans EverWorld, un monde où se côtoient sans la moindre distinction guerriers vikings et aztèques, chevaliers de la Table Ronde et animaux parlants, sorciers Africains et Atlantes...
Oui, mais si ce n'était que ça, ce serait trop simple : ce monde est gouverné par des divinités mythologiques. TOUTES les mythologies. Ne soyez donc pas étonnés si, dans les premiers chapitres, les héros se font interroger par Loki (Dieu Nordique de la Discorde), avant d'être embarqués dans une guerre contre Huitzilopochtli (le dieu Aztèque de la guerre).



Loki, tiré d'un manuscrit Islandais du XVIIIe siècle

Et c'est là que commence l'histoire : la survie de quatre adolescents dans un univers qui ne leur correspond absolument pas et auquel ils devront pourtant s'adapter. Et au passage, retrouver Senna.
Qui est Senna ? Le cinquième membre de leur petit groupe, elle aussi propulsée dans EverWorld, mais qui s'est mystérieusement échappée lors du voyage.
Katherine Applegate nous entraîne dans son univers, un patchwork de différents mondes assemblés sans la moindre volonté de cohérence, mais qui pourtant s'associent avec harmonie pour donner un univers unique. Les héros voyageront donc sur les contrées verdoyantes d'Irlande, pour errer ensuite dans un désert africain, erreront dans les entrailles du monde, et visiteront les confins des océans, le tout après une unique heure de marche. Brutal, comme changement...





Tyr et Fenrir, John Bauer
Les personnages ne sont pas en reste. En gros, ils vont réagir comme le feraient des humains normaux propulsés dans un univers de fantasy : refus d'y croire, incompréhension, crises de panique, poussées d'adrénaline lorsqu'il s'agit de foncer pour survivre...
Car oui, ne croyez surtout pas que, parce qu'il s'agit d'un univers de fantasy, tout le monde est beau et gentil, et qu'il n'y a qu'un seul grand méchant qui veut la peau des héros. Non, non, non, ce serait beaucoup trop simple, ça : Chaque personnage a son histoire et ses propres intentions. Si le chef des vikings protège les héros, est-ce parce qu'il est gentil, ou parce qu'il peut s'en servir comme monnaie d'échange pour plus tard ? Est-ce que ces extra-terrestres menaçants vont me découper en rondelles, ou veulent-ils juste faire du commerce ? Ce sanglier sera-t-il mon prochain repas, ou va-t-il me faire du chantage ?



Mis à part les chevaliers de la Table Ronde, on ne saura jamais d'avance sur quel pied danser avec chaque personnage, puisque chacun peut soudainement retourner sa veste et trahir les héros.
Sans compter que les héros en question... n'ont strictement rien d'héroïque ! Ce sont des adolescents, et si une chose est sûre, c'est qu'un ado accomplit rarement des faits d'armes dignes d'être racontés par les ménestrels. Condamnés à être ballottés dans un monde dont ils ne connaissent rien, ils ne pourront que jouer sur leur ruse et leur aptitude à mentir (inédite dans le monde d'EverWorld) pour se tirer du pétrin. Alors inutile de s'attendre à des combats épiques, vous n'en aurez pas. Même lors des scènes de bataille, on ne peut pas vraiment dire que les personnages soient vraiment des seigneurs de guerres confirmés, agissant plus par réflexe que par talent.
Alors que font-ils ? Ils essaient de ne pas se faire tuer, tout simplement. Et croyez-moi, dans un univers comme celui d'EverWorld, il n'est vraiment pas facile de voyager d'une ville à l'autre sans mettre sa vie en jeu. Pourtant, c'est ce qu'ils font, pourchassant le fragile espoir de tomber sur quelqu'un – ou quelque chose – qui pourra les renvoyer dans leur monde.


Héphaïstos forgeant la foudre de Zeus,
par Rubens, Musée du Prado
Maintenant, n'allez pas croire que tout est parfait : certains retournements de situations ne sont pas bien difficiles à prévoir, et les héros ne souffriront jamais plus que nécessaire. On est dans un livre pour ados, quand même ! De la même manière, pas de surenchère de détails gores ou obscènes. Certes, l'univers se veut réaliste, mais pas non plus au point d'égaler Le Trône de Fer/Game of Thrones (ou Berzerk, pour les amateurs de mangas) en termes de violence physique, psychologique ou morale. EverWorld en est même trèèèèès très loin.

Mais individuellement, les héros ne sont pourtant pas en berne : chacun a une psychologie et suit une évolution cohérente avec son vécu. Ils ont une personnalité de base, mais également des souvenirs, des tics ou des préférences religieuses. Leurs différentes manières de percevoir le monde qui les entoure engendrera des disputes, des dissensions dans l'équipe, et pourra même leur attirer des problèmes.

Après, on arrivera au principal défaut de l’œuvre, notamment repérable avec les deux premiers tomes : Les héros n'ayant grosso-modo aucun but dans EverWorld (ils ne sont pas là pour tuer les méchants, ni pour se faire un nom. Ce sont juste des gugusses se trouvant au mauvais endroit), l'histoire est assez répétitive. Et je parle d'histoire en terme d'intrigue : les héros avancent au hasard, rencontrent un obstacle, s'en débarrassent, puis recommencent à avancer au hasard.


Ce n'est vraiment qu'avec le troisième roman, où seront révélés bon nombre d'éléments, et qui feront apparaître de nouvelles menaces, qu'un but sera alors clairement défini pour les personnages principaux, désormais contraints de faire des choix. Et le pire de tous, celui qui leur demandera le plus grand des sacrifices. Ou le moindre.
Je n'en dis pas plus, je ne réussirais qu'à vous spoiler. En attendant, j'espère vous avoir donné envie de découvrir l'univers d'EverWorld !

Albin